vendredi 14 octobre 2011

Occupy Wall Street: un mouvement cohérent.

La mobilisation des indignés de Wall Street se poursuit. Le maire de New-York Michael Bloomberg avait annoncé qu'il ordonnerait aujourd'hui aux manifestants de quitter la place autour de laquelle ils se rassemblent, afin de la nettoyer. Or, aux dernières nouvelles, on a décidé de reporter cette évacuation. Une petite victoire pour le mouvement, qui pourra continuer à faire entendre ses revendications et à occuper l'espace médiatique. C'est aussi une nouvelle encourageante et motivante pour les autres manifestations qui prennent le relais d'Occupy Wall Street partout à travers le monde, notamment à Montréal, demain le 15 octobre. Mais que revendique ce mouvement, plus exactement?

Le fil conducteur d'Occupy Wall Street

Contrairement à ce que certains commentateurs de droite laissent entendre, les revendications des indignés de Wall Street sont cohérentes. Bien sûr, dans ce type de mouvement de foule improvisé, le message peut parfois être diffus et maladroit. Mais sur le fond, le message est clair: les États-Unis sont devenus une société fortement inégalitaire dans laquelle les 1% des plus riches se partagent 40% de la richesse. Une réalité que le prix Nobel d'économie 2008, Paul Krugman, a décrite avec brio dans son ouvrage "L'Amérique que nous voulons" et que je résume sur ce blog. En se rendant sur le site Web "We are the 99 percents", on peut aussi se familiariser avec les revendications des indignés. Ce qu'ils veulent en deux mots? Une société plus égalitaire où la richesse serait mieux distribuée.

Bien sûr, il y a toutes sortes de façons de déplorer cette inégalité, que ce soit en dénonçant le haut taux de chômage (10%) ou encore en réclamant une réforme du système de santé où le public jouerait un rôle plus important. Mais ce qui choque surtout les manifestants, c'est de voir comment dans une période dite d'austérité économique, les riches continuent de bénéficier d'avantages injustes. Ainsi, les coffres des grandes banques (et même de certaines multinationale, pensons à GM et à Chrysler) ont été dernièrement renfloués par les fonds publics, forçant paradoxalement l'État à s'endetter encore plus.

Or, plusieurs de ces banques dégagent toujours des profits records, par exemple la banque JP Morgan. De plus, les multimillionnaires bénéficient encore et toujours de taux d'imposition avantageux et de la possibilité d'utiliser toutes sortes de niches fiscales qui leur permettent d'échapper au fisc (selon Paul Krugman, ces niches privent l'État de 50 milliards de dollars par an environ). Même le milliardaire Warren Buffet a admis qu'il était fiscalement mieux traité que sa réceptionniste! Les indignés de Wall Street réclament donc un ajustement à cet égard.

En fait, c'est un grand ménage dans le monde de la finance qui est aussi exigé. On peut bien d'un côté sauver les grandes banques de la faillite, mais il faudrait de l'autre exiger une contre-partie. Cette contre-partie est pour le moment jugée insuffisante.

À quand l'adoption d'une taxe Tobin sur les transactions financières? À quand la mise sur pied de la fameuse règle Volcker, qui vise à interdire aux banques de dépôts assurés par l'État de s'adonner à des placements spéculatifs? À quand un réexamen sérieux du rôle qu'ont joué les agences de notation dans les dernières crises économiques? On reproche entre autre aux agences d'être en situation de conflits d'intérêts, puisqu'elles sont payées par les firmes même dont elles sont chargées de l'évaluation.

Les demandes de réformes exigées par le mouvement Occupy Wall Street sont en effet nombreuses et variées, mais elles sont cohérentes et précises. Reste à ce que la mobilisation populaire se poursuive et que la volonté politique soit au rendez-vous.











11 commentaires:

  1. C'est tout l'administration sociale qu'il faut repenser! Si on conserve la même organisation sociale, on se condamne à commettre perpétuellement les mêmes erreurs. Tant que nous serons des centaines de milliers dans les rues, mais sans créer une nouvelle organisation sociale, ils continueront d'inventer toute sorte de concepts éphémères pour nous berner, nous diviser. La taxe Tobin, la règle Volcker, le retour d'une forte imposition pour les grandes richesses.... tout cela ne sert qu'à nous faire taire pour que la mascarade capitaliste puisse continuer.

    Ce qui importe réellement pour l'élite mondiale et les tenants du système capitaliste, c'est la concentration 'sans fin' du capital social. La structure-même du capitalisme tend à concentrer toujours d'avantage le capital social, dépossédant toujours plus d'individus en faveur d'une minorité. La concentration du capital social et donc du pouvoir entraîne nécessairement, à court ou à moyen terme, la collusion et la corruption.

    Ce que les 'Occupants' du monde entier réclament, c'est une répartition des pouvoirs politiques et économiques, en faveur de chaque individu. Tant qu'on aura l'impression de ne pas avoir notre juste part du capital social, tant qu'on nous refusera la liberté de pouvoir l'administrer librement, sans condition, nous serons toujours plus nombreux à Occuper! Qu'est-ce qu'on veut? La seule chose légitime qu'ils n'accepteront JAMAIS de nous donner : la possibilité d'être leur égal.

    Manifeste et Programme politique des libérals-égalitaristes.

    Révolution Citoyenne

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  2. Je me suis toujours méfié du type de discours que vous tenez.

    Je partage probablement plusieurs des valeurs que vous énoncez (notamment celle de l'égalité), mais la politique de la "table rase" ("il faut repenser toute l'organisation sociale") ne m'apparaît pas une solution constructive et réaliste.

    Par ailleurs, si l'élite mondiale n'acceptera jamais de vous donner l'égalité, comment concrètement espérez-vous l'obtenir?

    Enfin, tout en étant solidaire du mouvement Occupy Wall Street Montréal, je considère que de faire référence à la Révolution russe (qui mena à des dérapages) sur la page d'organisation de la manifestation n'est pas la meilleure des choses.

    Pour être efficace, la gauche d'aujourd'hui doit être plus pragmatique et réaliste. Ce que vous me proposez dans votre court commentaire s'apparente plutôt à une vague utopie.

    Cordialement.

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  3. @Félix-Olivier : Vous êtes "Enseignant en science politique"? Vous devriez donc savoir que l'Histoire s'écrit par ceux qui ont des projets ambitieux. des rêves, ou ce que vous appelez des utopies.

    Pensez aux révolutionnaires français de 1789, aux philosophes des lumières..... tous ces gens ont étés taxés d'utopisme et ont pourtant révolutionné le monde. La réalité est que RIEN n'est utopique lorsque une majorité d'individus croient en un projet commun. Le capitalisme est intenable pour l'Humain et la Nature; il n'est ni juste, ni rationnel, pourtant, il tient depuis plus de 300 ans! Ce que je veux dire, c'est que le système que nous subissons actuellement au quotidien est le fruit de l'imaginaire humain, le résultat d'un contexte historique, qui nous a inculqué des valeurs et des façons de penser au fil des siècles. Tout comme les paysans du système féodal de l'époque, nous pensons que celui-ci va de soit, qu'il est 'naturel', quasiment immuable. Mais il n'est en RIEN le reflet de l'imaginaire Humain moderne. Évidemment, la Révolution ne débutera pas au Québec, NOUS SOMMES LES 'SEIGNEURS TERRIENS' MODERNES. La Révolution débutera (et s'imposera) de par les peuples accablés dans la misère que leur impose le système actuel, et par les forcenés que nous laissons croupir dans la honte, ici au Québec et ailleurs.

    Vous faites très bien de vous méfier "du type de discours que" les gens comme moi tiennent. Tant de fois dans l'Histoire, les idéologies ont entraînés les masses dans un fanatisme aveugle, les encourageant à commettre les pires crimes. Je ne prétends pas détenir la vérité, nous ne prétendons pas offrir un système qui réglera tous les problèmes de l'Humanité. AU CONTRAIRE, nous sommes les descendants idéologiques de Socrate, dans le sens ou nous pensons que chaque individu a quelque chose à offrir; que la sagesse, c'est d’admettre qu'on ne détient pas la vérité. C'est pourquoi nous pensons que le pouvoir (économique et politique) devrait être réparti également entre chaque individus.

    Je ne suis pas partisan de la révolution russe. Par contre, il faut admettre que faire abstraction de ces 'enseignements historiques' serait une grossière erreur! S'il y a du positif dans le système capitaliste actuel, il y en avait également dans le système politique et économique soviétique. Une synthèse du 20e siècle est absolument indispensable pour n'importe quel Humain qui souhaite comprendre le présent, et pouvoir imaginer l'Avenir.

    Concernant votre question à savoir "si l'élite mondiale n'acceptera jamais de vous donner l'égalité, comment concrètement espérez-vous l'obtenir?", on pourrait en élaborer longuement. Mais de façon simplifiée, ce sera la force du nombre qui leur imposera, tout comme ce fut le cas en 1789. Mais cette fois-ci, la Révolution ne sera pas nationale, mais internationale, car l'appareil oppresseur s'est mondialisé, tout comme l'aliénation et la misère qu'elle engendre.

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  4. Pour répondre plus concrètement à votre question (et c'est là tout l'héritage de la Commune de Paris de 1871 et des révolutions russes), je souhaite la création d'une nouvelle structure citoyenne réellement démocratique, dont l'influence se fait par le bas, et de façon horizontale. À mesure que cette nouvelle structure citoyenne gagnera en popularité et donc en légitimité, elle pourra remplacer (et ultérieurement abolir) l'actuel système parlementaire anti-démocratique et corrompu. La délégation citoyenne soviétique n'a jamais réellement eu le pouvoir en URSS, ni dans les autres pays staliniens d'ailleurs. L'économie centralisée entre les mains de l'État a eu pour conséquence de former une nouvelle oppression économique sur le citoyen moyen (un capitalisme d'État). Mais il était maintenant possible de conceptualiser cette 'nouvelle' classe (ou plutôt strate) sociale qui s'organisait autour de l'État, la strate des formois. En effet, l'économie des pays dits 'communistes' n'a JAMAIS été gérée en commune et encore moins par les habitants des communes eux-mêmes, mais plutôt par la strates des "travailleurs formés" (formoisie), ceux qui détenaient un certain 'savoir social' : fonctionnaires, chefs syndicaux, membres de l'État et du parti...

    Donc pour revenir à votre question initiale, à voir "si l'élite mondiale n'acceptera jamais de vous donner l'égalité, comment concrètement espérez-vous l'obtenir?", il faudra ajouter une seconde question qui serait du genre "et comment s'assurer qu'un tiers pouvoir ne se développera plus dans l'avenir". Je vous répondrai qu'il sera essentiel de supprimer complètement le pouvoir économique des États. À toutes les époques de l'Histoire, l'État a toujours été un outils de la classe dominante pour se maintenir en place. Cette période-ci n'en fait pas abstraction et je vous met au défi de me démontrer que l'État ne chante pas la gloire du Capital et de son accumulation. Il ne faut pas se le cacher, nous vivons dans une dictature du profit! Donc pour s'assurer qu'aucune autre classe ou strate sociale ne puisse asseoir son emprise, la délégation citoyenne qui fera la révolution mondiale du 21e siècle devra être un État législatif, dépourvu de pouvoir économique. L'État de demain ne s'occupera plus des hôpitaux et des écoles, ce seront les citoyens et travailleurs qui s'en occuperont eux-mêmes! Et ce sera ainsi pour tous les services de l'État. L'État ne servira qu'à établir des bases sociales, du genre : le nombre de plomb sécuritaire dans la peinture, etc.

    Pour simplifier et vous donner une idée plus concrète, le budget de l'État québécois actuel est d'environ 65 milliards de dollars, alors que nous ne sommes que 7.5 millions. Si on divise ce montant également entre le nombres de citoyens québécois, on pourrait offrir plus de 700$ par mois à CHAQUE Québécois, puis le laisser libre de l'investir dans le projet social qu'il désir : réparer les routes, une école, le reboisement, la défense nationale, etc.... Ainsi, on vient d'abolir le pouvoir économique de l'État et le répartir sur l'ensemble des individus. Les faibles théories sur la "démocratie proportionnelle" ou la "démocratie participative" viennent de voler en éclat, vous ne pensez pas?

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  5. Rebonjour,

    Merci pour ces généreux commentaires. Je serai plus bref dans ma réponse.

    Nous pourrions en effet avoir une longue discussion sur les raisons pour lesquelles l'économie des pays communistes n'a jamais été gérée en commune ou encore pourquoi cette structure démocratique horizontale n'a jamais vue le jour. J'ai tendance à penser que ces diverses expériences - et je suis d'accord pour dire qu'il faut en retenir des choses- nous ont justement démontré la difficulté de la chose, voire son impossibilité.

    Les révolutions libérales étaient-elles des utopies? C'est une question effectivement intéressante, mais j'en doute fortement. Vous savez comme moi que le moteur de ces révolutions étaient pour l'essentiel la bourgeoisie qui, pour faire court, cherchait de nouvelles libertés économiques et tentait de briser les monopoles commerciaux de la monarchie.

    Par ailleurs, la question de l'impôt, des taxes ou encore du rôle accru des institutions parlementaires déjà existantes étaient à l'ordre du jour. Toutes des revendications pragmatiques, réalistes à l'époque et qui ne correspondent pas à ce que j'appelle une utopie.

    L'État chante-il aujourd'hui la gloire du Capital? Probablement et c'est la raison pour laquelle je suis solidaire de mouvements comme Occupy Wall Street. Je peux vous assurer toutefois que sur un plan strictement local, l'État du Québec m'aura permis d'avoir l'instruction gratuite, des assurances somme toutes généreuses et une qualité de vie plus que respectable.

    Mais en deux mots, l'essentiel de ce que vous proposez me paraît bien loin de la réalité (surtout l'idée d'une révolution internationale) et ne s'appuie pas sur des idées susceptibles d'obtenir un vaste assentiment. Je respecte toutefois vos rêves, vos ambitions et votre engagement politique.

    Bien à vous.

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  6. Je soulignais le fait que les révolutions bourgeoises aient étés 'utopiques' dans le sens :
    1)Que plusieurs les pensaient impossible avant qu'elles ne se produisent, vu l'organisation et la légitimité historique des monarchies. Tout cela a été par la suite balayé en quelques décennies.
    2)Que dans le fond, le libéralisme prôné par la bourgeoisie (le libéralisme d'Adamn Smith et de Ricardo) n'ont jamais et ne pourront jamais réellement être appliqués, prônant une compétitivité qui est de moins en moins présente. Le capitalisme, en se développant, concentre le capital social, anéantissant par le fait même la compétitivité. Cela, Adamn Smith et même plusieurs libertarien le savent. La théorie du libéralisme, basé sur le libre choix de chaque individus est de moins en moins véridique à mesure que se développe le capitalisme. Nous sommes les défenseurs du vrai libéralisme oú tous les humains sont réellement libres de faire les choix qu'ils souhaitent. Vous pensez réellement qu'Adamn Smith serait libertarien dans le monde d'aujourd'hui?

    Je ne dis pas que l'État n'apporte que des mauvais effets. Moi aussi j'ai profité de l'État Providence québécois vous savez. :) Mais il faut garder en tête que nous avons pu profiter de ces joyaux à cause d'un contexte historique. Parce que des individus ont donnés leur vie (en temps, en énergie et parfois même en existence), mais également parce qu'on a profité du contexte de l'époque, et de la lutte contre l'URSS, qui offrait beaucoup plus de services à ses travailleurs. Il faut savoir que sans MAI 1968 et sans le contexte de confrontation du bloc capitalisme-bourgeois VS capitalisme-d'État, nous n'aurions JAMAIS eu ces services. Pour preuve, dès que l'URSS est tombé au début des années 1990 et que les mouvements révolutionnaires en ont étés affectés, les offensives capitalistes ont étés de plus en plus féroces.

    Je ne comprends pas votre obstination à refuser de constater l'évolution logique des choses, à savoir que les bourgeois ont détruits les monopoles commerciaux des monarchies et qu'ultérieurement, une autre classe renversera les bourgeois pour détruire leur nouveaux monopoles. Les monopoles capitalistes étant mondialisés, seul une révolution mondiale pourra en venir à bout. De plus, la mondialisation des moyens de communications et d'échanges entre les peuples favorisent la solidarité mondiale, ainsi que la prise de conscience que nous avons des ennemis communs, tout en facilitant la mobilisation populaire.

    Vous ne pouvez pas remettre en question que la jeunesse africaine bouille depuis une trentaine d'années. Que l'Europe et l'Amérique du Sud les suivent de très près. Que voulez-vous de plus comme signal? C'est certain qu'il ne faut pas se contenter d'analyser la situation québécoise et canadienne, je penses qu'il en existe pas de plus statique! :(

    Je vous l'assure, la chute du régime capitaliste est proche. Je ne dis pas que nous instaurerons le monde idyllique du jour au lendemain, mais il faut toujours exiger l'impossible pour espérer récolter quelques miettes...

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  7. Désolé d'y revenir, je relisais votre réplique et j'ai trébuché sur cette phrase "ce que vous proposez <...> ne s'appuie pas sur des idées susceptibles d'obtenir un vaste assentiment".

    J'aimerais, si cela vous intéresse, que vous élaboriez sur ce point. Je penses que notre projet est bien plus rassembleur que vous ne le pensez. Il est écologiste, pacifiste, féministe, anti-collusion et corruption et il permet un maximum de liberté à tous les individus. Qu'est-ce qui vous permet de dire qu'il n'aura pas un vaste assentiment? Allez dire aux millions d'esclaves Africains, sud Américains et Asiatiques qu'ils n'ont pas intérêt à réclamer LEUR juste part du Capital social de l'Humanité! Allez leur dire qu'ils font bien d'accepter leur maigre salaire, de moins de 50 EURO PAR MOIS pour travailler comme personne n'accepterait de le faire ici, tout cela pour nourrir, vêtir et amuser une population qui lui restera éternellement inconnue. Ou encore, allez dire aux travailleurs licenciés d'Électrolux, à l'Assomption, qu'il est normal de tout perdre du jour au lendemain, même si on a travailler toute sa vie pour faciliter la vie des autres, puisqu'on n'est pas maître de son travail mais qu'on le loue; allez faire de même aux milliers d’étasuniens qui perdent leur maison ou qui les vendent pour aller vivre dans un camping de roulottes, oú la vie est bien moins cher. Tout cela, pendant que notre élite économique fait la vie grâce, à l'instar des monarques du 18e siècle, et qu'ils s'installent un système de collusion et de pots-de-vins mondialisé? Aucun continent, mis à part peut-être l'antarctique n'y échappe, mais pourtant, la collusion et la corruption est le fruit de la monopolisation du capital social, ils sont le résultat du système capitaliste. Mais vous vous dites que ce que nous proposons "ne s'appuie pas sur des idées susceptibles d'obtenir un vaste assentiment". Aidez-moi à comprendre SVP. :o)

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  8. Bonjour,

    Je précise une ou deux choses de manière assez brève, puisque vous le demandez si poliment, mais il s'agira pour moi du dernier commentaire sur la question.

    D'abord, je vous rappelle que fondamentalement, nous sommes dans le même camp et que je suis solidaire du mouvement des indignés. Je n'irai donc jamais dire aux maigres salariés d'Afrique et de l'Asie du Sud-Est qu'ils n'ont pas intérêt à réclamer leur juste part, pas plus que je me réjouis de voir les travailleurs d'Électrolux licenciés.

    Lorsque je dis que votre projet a peu de chances d'obtenir un vaste assentiment, je parle de votre projet "anarcho-libertarien" assorti d'une révolution internationale. Sur ce, je ne vous suis pas du tout et je serais étonné qu'une majorité de mes concitoyens, autant au niveau national qu'international, le soient aussi. Rappelez-vous qu'au Canada, en Europe, au Moyen-Orient et même en Afrique, la pensée et les partis de droite favorables au marché et au capitalisme obtiennent un vaste écho, qu'on soit d'accord ou non. Ce projet de révolution que vous proposez n'a aucune chance de susciter leur sympathie, alors que des propositions comme la Taxe Tobin ou le règle Volcker (puisque c'est cela qui a susciter le débat) sont plus facilement rassembleuses.

    Par ailleurs, malgré quelques traits communs entre les révolutions du monde arabe et le mouvement des indignés, il serait clairement exagéré d'en faire un mouvement unifié aux objectifs convergents.

    Enfin, je crois que vous l'aurez compris, je suis moins sceptique que vous face aux vertus du capitalisme. J'en ai bien sûr contre les excès du capitalisme financier et je suis tout autant conscient qu'il faudra un jour envisager une certaine forme de décroissance. Faut-il pour autant se débarrasser du libre-marché. Je ne crois pas.

    Mais vous avez raison sur un point. Parfois, pour obtenir des miettes, il faut crier très fort et exiger l'impossible. Voilà pourquoi j'espère que le mouvement Occupy Wall Street perdurera encore longtemps.

    Bonne fin de soirée et au plaisir de vous retrouvez sur ce blogue.

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  9. Je vous remercie de vos nouveaux apports.
    Comme vous l'avez mentionné, le mouvement des indigné n'est pas uniforme. Je ne considère pas tous les indignés comme des alliés, mais bien comme des alliés potentiels. Je penses qu'il y a beaucoup d'individus dans ce mouvement qui ne sont pas prêts à faire des sacrifices réels, ils ne sont pas prêts à renier certains privilèges historiques (comme le droit de consommer plusieurs fois sa part du PIB mondial, du capital social produit).

    Par ailleurs, je ne dis pas que toutes les révolutions présentes convergent en un seul objectif (les révolutions africaines étaient principalement des révolutions bourgeoises). Je ne dis pas non plus que la révolution mondiale se fera spontanément et de façon uniforme, ni même derrière un objectif commun planétairement, même si cela pourrait être plausible vu les moyens de communications modernes. Mais l'économie capitalistes est saturée; de plus en plus d'individus sont dépossédés (de leur terre, de leur maison, de leur temps, de leur force de travail, de leur créativité...) pourtant, nous avons toujours plus de moyens de créer de la richesse et ce, avec de moins en moins de travail.

    Je vous explique, de façon matérialiste, pourquoi une révolution du type que nous proposons est tôt ou tard INÉVITABLE :

    1)L’industrialisation fait que de moins en moins de travail et de moins en moins de ressources naturelles sont nécessaires pour produire toujours plus de biens. L'informatisation vient quintupler cette productivité. Donc, le besoins en travailleurs pour produire les marchandises courantes sera, dans l'avenir, toujours moins, à mesure que la technologie (machinerie, informatisation, etc.) incorporera l'ensemble des secteurs de production.
    2)Considérant le point 1, les économies évolueront constamment vers des économies de services. Cette transformation est déjà bien avancée pour les pays du nord; les pays du sud étant ralenties par la compétition capitaliste (non partage des nouvelles technologies et innovations).
    3)Les tâches sociales employées au service (enseignement, médecin, pompier, police, vétérinaire...) et à la recherche (astronaute, expérience en laboratoire...) sont les plus convoités, mais sont également celles qui génèrent le moins de capital social.

    Je dois admettre qu'avant la révolution égalitariste, il y aura sans doute deux autres révolutions :
    -anti-bourgeoise
    -anti formoise (travailleurs formés)

    Lorsque les individus qui voudront (par exemple) planter des arbres réclameront le même salaire que les médecins, prétextant que le médecin doit générer à peu près le même capital social que son activité de plantation, il n'aura pas tout à fait tort. Encore faut-il que la formation du médecin ait été "salarié" par la société comme ce devrait être le cas.

    Toute l'Histoire se résume par une lutte pour l'administration du Capital social. L'Histoire moderne n'est que celle de sa brusque concentration, que cela soit fait par un capitalisme-bourgeois ou un capitalisme-étatique à la "communiste".

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  10. J'aimerai manifester le grand respect que j'ai pour M. Riendeau.

    Quelle éloquence. L'irritement causé par les propos amer (irréalisme et ambition) de A. Franc-Shi s'est dissipé au fur et à mesure que je lisais les réponses de M. Riendeau. C'est ce que j'appelle avoir de la ''class''. Malheureusement, c'est ce qui manque à bien des gens aujourd'hui.

    Encore une fois M. Riendeau,
    Vous avez tout mon respect

    ancien étudiant

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  11. Merci pour cet élogieux commentaire. Je suis content que ce débat ait suscité votre intérêt.

    Bonne soirée.

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