jeudi 27 octobre 2011

Les primaires républicaines: un survol (2e partie).

Je poursuis aujourd'hui la présentation des principaux candidats aux primaires républicaines de 2012. Voici les trois candidats qui pour le moment semblent avoir le plus de chances de l'emporter:

Newt Gingrich: Ancien président de la Chambre des représentants de 1995 à 1999, mais absent de la politique dans les dernières années. Il est âgé de 67 ans et c'est un républicain d'expérience puisqu'il a été représentant durant la période Reagan. Il est très conservateur sur le plan fiscal (baisse d'impôts sur les entreprise et élimination de l'impôt sur la succession) et sur le plan social (opposé à l'avortement et au mariage homosexuel).

Ses chances sont assez faibles - même si sa position dans les sondages a grimpé dernièrement (10% des intentions de vote) - car il a été plongé dans plusieurs scandales dans le passé. Il a notamment été accusé de fraude fiscale et admis avoir eu plusieurs relations extra-conjugales, dont une alors qu'il dénonçait le comportement du président démocrate Bill Clinton dans l'affaire Monica Lewinsky. On estime même que Gingrich pourrait annoncer prochainement son retrait de la course.

Mitt Romney: Ancien gouverneur du Massachusetts de 2003 à 2007. Il s'était présenté aux primaires républicaines de 2008, mais avait mordu la poussière face à John McCain. Il se présente comme le plus centriste des candidats républicains et il a fait adopter une réforme du système de santé similaire à celle de Barack Obama, alors qu'il était gouverneur. Romney a cependant promis qu'il n'hésiterait pas à abroger la réforme Obama, voyant que ce passé "socialiste" pourrait venir le hanter. Sur l'avortement, Romney avait aussi une position modérée alors qu'il était gouverneur, mais il l'a resserrée depuis. Ses adversaires se plaisent ainsi à dire de Romney qu'il est une "girouette".

Contrairement au candidat isolationniste Ron Paul, Romney souhaite revenir à une politique étrangère plus agressive et a dernièrement affirmé que les États-Unis avaient été créés pour dominer le monde. Sur le plan fiscal, Romney propose lui aussi le plafonnement des dépenses.

Mitt Romney est de religion mormone, ce qui lui nuit auprès de plusieurs républicains qui croient que le mormonisme est une secte.

Mais Romney a plusieurs atouts. C'est un ancien entrepreneur fortuné qui a une bonne réputation en matière économique. Il a les fonds nécessaires pour mener des campagnes électorales de longue haleine et il a une équipe solide derrière lui. Un candidat à surveiller de près.

Herman Cain: L'homme d'affaires du groupe, qui n'a pas d'expérience politique. Il a été PDG de la chaîne de restaurant Godfather's Pizza. Il mise d'ailleurs sur cet aspect pour se présenter comme le véritable candidat du renouveau. Il propose toutes sortes d'idées controversées et à mon sens il est l'un des candidats qui exploite le plus habilement la technique de la "wedge politics". Est-ce la raison pour laquelle certains sondages lui donnent la pôle position dans les intention de vote?

Cain tient des propos sévères à l'endroit de l'islam et considère que les villes américaines devraient avoir le droit d'interdire la construction de mosquées. Sur la question de l'immigration illégale en provenance du Mexique, Cain estime qu'il faudrait construire une barrière électrifiée qui pourrait tuer les passeurs clandestins. Rien de moins! Il ne croit pas que l'avortement devrait être légal.

Sur le plan fiscal, la proposition de Cain est assez radicale. Son plan 9-9-9 consiste à revenir à un taux d'imposition unique: 9% pour tous les particuliers, 9% pour les sociétés et une taxe de vente de 9%. Il est clair que ce projet bénéficierait davantage aux plus riches et ferait immensément mal à la classe moyenne, comme le rapporte Paul Krugman sur son blogue.

J'ai tendance à croire que son radicalisme finira par lui nuire et que sa campagne s'essoufflera. Romney pourrait alors l'emporter.

À moins qu'un nouveau candidat se pointe le bout du nez d'ici-là ou qu'émerge un candidat plus marginal comme Rick Santorum ou Jon Huntsman.


mercredi 26 octobre 2011

Les primaires républicaines: un survol (1re partie).

C'est en janvier 2012 que se tiendront les primaires républicaines aux États-Unis. Le Parti républicain doit ainsi se donner un nouveau chef en vue d'affronter Barack Obama lors de l'élection présidentielle de novembre 2012.

Il s'agit d'un défi de taille pour le Grand Old Party. Au moment où ces lignes sont écrites, les sondages montrent qu'aucun des candidats à la chefferie du Parti républicain ne serait en mesure de battre Barack Obama dans un face-à-face. Cela est étonnant et inquiétant pour les républicains qui ne réussissent donc pas à capitaliser sur l'impopularité croissante du président démocrate. Le Parti républicain doit donc se trouver une nouvelle figure charismatique (la dernière étant probablement Ronald Reagan) pour affronter l'orateur hors-pair qu'est toujours M. Obama.

Je vous propose aujourd'hui un bref survol de trois des principaux candidats à la primaire républicaine.

Michelle Bachmann: À l'heure actuelle, c'est la seule femme à être dans la course, puisque la célèbre Sarah Palin (candidate aux primaires de 2008) a annoncé qu'elle ne se présenterait pas. Elle est actuellement représentante du Minnesota et près du groupe Tea Party, ce mouvement politique d'inspiration libertarienne qui abhorre tout ce qui provient de l'État.

On ne sera pas surpris d'apprendre que Mme. Bachmann promet d'abroger la réforme du système de santé d'Obama et refuse toute nouvelle hausse d'impôts. Mme. Bachmann a toutefois commis des bourdes monumentales en cours de route, notamment une déclaration où elle soutenait, sans aucun appui scientifique, que la vaccination des garçons contre le papillome humain causait des retards mentaux chez certains sujets. On a aussi appris que le mari de Mme. Bachmann était un psychologue qui offrait la guérison (!) aux gais par la prière.

Les chances de Mme. Bachmann sont presque nulles. Elle a certes des atouts, notamment sur le plan de l'image et de l'apparence (c'est une très jolie femme), mais ses maladresses rappellent celles de Sarah Palin, un mauvais souvenir dont les républicains veulent se débarrasser.

Rick Perry: Actuellement gouverneur du Texas. Il mise sur la récente croissance économique de l'État pour vanter son bilan. Il est très proche des idées du mouvement Tea Party. Il va jusqu'à prôner l'abolition totale de l'impôt fédéral sur le revenu et de la taxation sur le revenu et l'héritage. C'est aussi un fondamentaliste chrétien qui est allé jusqu'à organiser une journée de prière et de jeûne destinée à implorer l'aide de Dieu face à la crise économique actuelle! En tant que gouverneur du Texas, Rick Perry est très favorable à la peine capitale et a autorisé pas moins de 236 condamnations à mort depuis 2000, un record au pays.

Paradoxalement, ce ne sont pas les idées ultra-conservatrices de Perry qui lui nuisent le plus. Un dossier que ses détracteurs exploitent face à lui, c'est sa politique d'aide financière aux études des enfants immigrants sans-papiers. Une aberration pour un conservateur qui doit normalement adopter une ligne plus dure face à l'immigration.

Ses chances de l'emporter sont minces.

Ron Paul: Représentant de l'État du Texas. Parmi les figures près du Tea Party, c'est certainement lui qui a le plus de chances de l'emporter. D'une part, les sondages lui donnent une longueur d'avance sur Bachmann et Perry. D'autre part, il a remporté un vote symbolique et informel (ce qu'on appelle un Straw Poll) en Californie, à la convention républicaine de l'État. Son fils, Rand Paul, est sénateur du Kentucky est c'est le seul membre du Tea Party à siéger au Congrès américain. La famille Paul bénéficie donc d'un certain "momentum".

Ron Paul est un vieux de la vieille en politique. En 1988, il a été candidat aux élections présidentielles, à la tête du Parti libertarien. Il propose lui aussi un rôle minime pour l'État (réduction massive des impôts, abolition de la Réserve fédérale américaine, opposition au Patriot Act). C'est enfin un partisan de l'isolationnisme américain et il s'est opposé à la guerre en Irak et en Afghanistan.

Son expérience lui donne un avantage sur les deux candidats précédents. Mais est-ce suffisant pour vaincre les Gingrich, Romney et Cain?

Je ferai la présentation de ces candidats dans un prochain texte.

P.S. À noter enfin que ces trois candidats sont aussi fortement opposés à l'avortement.



vendredi 21 octobre 2011

Kadhafi est mort: la démocratie aussi?

Mouammar Kadhafi n'était pas un démocrate. Pendant ses quarante deux ans à la tête de la Libye, l'opposition politique n'avait pas droit de parole et celle-ci subissait intimidation, violence et torture. Les minorités berbères de son pays ont aussi été constamment persécutées. Il a soutenu de multiples organisations terroristes et a lui-même donné sa bénédiction aux attentats de Lockerbie (contre un boeing de la Pan American), en 1988. Il n'a pas non plus hésité à offrir son soutien à Charles Taylor, l'ancien dictateur du Liberia qui quitta le pouvoir en 2003, après avoir fomenté une longue guerre civile coûteuse en vie humaine.

La liste des exactions commises par Kadhafi pourrait s'allonger. Méritait-il pour autant de mourir dans les circonstances barbares que l'on nous a rapportées dans les médias? Celui-ci aurait vraisemblablement été trouvé dans un abri de fortune près de la ville de Syrte. Ceux qui l'ont capturé l'ont ensuite roué de coups dans la rue et ont filmé leurs actions. Si Kadhafi méritait de partir, comme je l'écrivais déjà sur ce blogue, je ne crois pas que son assassinat sur la place publique ait quoi que ce soit de très édifiant.

Une occasion ratée

Depuis le début des protestations contre le régime de Kadhafi, je me rangeais pour l'essentiel derrière les revendications des opposants du Conseil national de transition (CNT) - aujourd'hui le nouveau gouvernement - même si l'on trouve aussi des personnages suspects au sein de cet organe décisionnel, notamment Abdelhakim Belhadj, un islamiste notoire qui a déjà eu des liens étroits avec al-Qaida.

Je croyais - et crois toujours - que le CNT était un mouvement en filiation du Printemps arabe et qu'il offrait la possibilité d'un renouveau démocratique dans la région. Or, le CNT vient de rater une belle occasion de montrer à la face du monde qu'il comprend véritablement ce qu'est un régime démocratique.

Dans une société de droit, les présumés criminels sont amenés devant un tribunal pour y être jugés et sanctionnés. La Cour pénale internationale avait ainsi délivré un mandat d'arrêt contre Kadhafi, en juin 2011. Quelle meilleure façon de réintégrer la communauté internationale que d'accepter qu'une organisation externe vienne juger celui qu'on condamne? Il me semble que la crédibilité et la légitimité du CNT auraient été renforcées par une telle démarche.

Je suis par ailleurs étonné que les réactions des États membres de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord) aient été si joviales. Le premier ministre britannique David Cameron a ainsi déclaré que "la perspective d'un avenir démocratique pour la Libye devient meilleure après cette nouvelle." Permettez-moi d'en douter.

Une transformation radicale d'un régime politique ne se fait pas sans casser des oeufs. Le temps nous dira si une société plus démocratique est possible en Libye. Mais pour le moment c'est autoritarisme 1, démocratie 0!

mardi 18 octobre 2011

Le crime ne paie pas à Arkham City

C'est aujourd'hui la date de sortie d'un jeu attendu dans le domaine du jeu vidéo: Batman Arkham City. J'irai vite me le procurer afin de l'essayer lorsque la grisaille de novembre s'installera. Les critiques sont unanimes: il s'agira d'un des meilleurs jeux de l'année et il surpassera son prédécesseur Batman Arkham Asylum sorti en 2009.

Des environnements ouverts aux compositions artistiques impressionnantes.

Une des grandes forces de ce jeu (du moins la première mouture), c'est de créer des environnements ouverts très étendus dans lequel le personnage peut se déplacer à sa guise. Les détails des décors urbains sont raffinés et rien n'est laissé au hasard. Les ambiances musicales sont elles aussi recherchées et sachez qu'une version française du jeu est disponible.

La plupart des grands jeux des dernières années ont réussi à recréer des mondes dans lesquels on se sent rapidement imprégné. Pensez entre-autre au superbe Assassins Creed Brotherhood, dans lequel le personnage se déplace dans la ville de Rome, durant la Renaissance. Les concepteurs du jeu (Ubisoft, dont le plus important studio est à Montréal) ont réussit à reconstituer l'architecture de la ville d'une manière très fidèle. On y croise même les personnages célèbres de l'époque, qu'il s'agisse de Machiavel, de César Borgia ou encore Léonard de Vinci! Les prouesses artistiques des créateurs avaient été telles, qu'une exposition s'était tenue l'année dernière à Montréal, sur la base de leurs oeuvres.

On pourra probablement - du moins je l'espère - faire la même chose avec Batman Arkham City. J'ai bien hâte de survoler la ville d'Arkham, à la manière d'une chauve-souris, pour y faire régner la justice. Voici un aperçu du jeu:


dimanche 16 octobre 2011

Les marches du pouvoir: déception.

J'avais des attentes élevées envers le film "Les marches du pouvoir" (The Ides of March) réalisé par George Clooney. D'abord, les thèmes de la loyauté et de l'idéalisme en politique m'inspiraient et je comptais y voir des allusions intelligentes et mordantes à la présidence de Barack Obama. Ensuite, deux de mes acteurs favoris font partie de la distribution, en l'occurrence Paul Giamatti et Phillip Seymour Hoffman. Le film n'est certainement pas mauvais, mais nous sommes loin des classiques du cinéma politique américain du style de Wag the Dog ou encore All the President's men.

Un drame comme tant d'autres

Le film raconte l'histoire de Stephen Myers (Ryan Gosling), directeur de campagne du gouverneur Mike Morris (George Clooney), en pleine élection primaire démocrate dans l'État d'Ohio. Stephen est ambitieux, talentueux et loyal, jusqu'à ce que le directeur de campagne de l'autre candidat démocrate, Tom Duffy (Paul Giamatti) tente de le recruter dans son camp. Touché dans son orgueil, Stephen accepte de rencontrer Tom, pour être ensuite accusé de trahison par les membres de son entourage. À cette situation s'ajoute celle de la relation amoureuse alambiquée qu'entretient Stephen avec une stagiaire dans son équipe de campagne. On apprendra assez vite que cette stagiaire a aussi eu une relation avec le gouverneur Morris et qu'elle est enceinte de lui. Une réalité qu'il faudra évidemment cacher aux yeux du public.

Cette situation n'est évidemment pas sans rappeler le scandale sexuel dans lequel Bill Clinton a été plongé à la fin des années 1990 (le Monicagate). Il y a donc quelques clins d'oeil intéressants à cet égard. Il y a aussi quelques clins d'oeil à Barack Obama. Le gouverneur Morris est ainsi dépeint comme un idéaliste aux positions presque trop progressistes pour l'Américain moyen: il est athée, écologiste et pro-avortement. Il est la star montante de son parti et plusieurs se disent qu'il ne fera inévitablement que décevoir ses électeurs...Barack Obama n'est-il pas aujourd'hui dans une situation semblable?

Mais ces références à la vie politique actuelle sont trop rares et abordées de manière superficielle, voire naïve. Les dialogues manquent de mordant et de subtilité. On en apprend somme toute assez peu sur la politique, si ce n'est que pour nous présenter une série de clichés sur le cynisme et le machiavélisme qu'on y retrouve souvent.

En bref, un drame comme il s'en fait tant d'autres à Hollywood, à regarder sur lecteur DVD chez soi, une journée pluvieuse de novembre.


vendredi 14 octobre 2011

Occupy Wall Street: un mouvement cohérent.

La mobilisation des indignés de Wall Street se poursuit. Le maire de New-York Michael Bloomberg avait annoncé qu'il ordonnerait aujourd'hui aux manifestants de quitter la place autour de laquelle ils se rassemblent, afin de la nettoyer. Or, aux dernières nouvelles, on a décidé de reporter cette évacuation. Une petite victoire pour le mouvement, qui pourra continuer à faire entendre ses revendications et à occuper l'espace médiatique. C'est aussi une nouvelle encourageante et motivante pour les autres manifestations qui prennent le relais d'Occupy Wall Street partout à travers le monde, notamment à Montréal, demain le 15 octobre. Mais que revendique ce mouvement, plus exactement?

Le fil conducteur d'Occupy Wall Street

Contrairement à ce que certains commentateurs de droite laissent entendre, les revendications des indignés de Wall Street sont cohérentes. Bien sûr, dans ce type de mouvement de foule improvisé, le message peut parfois être diffus et maladroit. Mais sur le fond, le message est clair: les États-Unis sont devenus une société fortement inégalitaire dans laquelle les 1% des plus riches se partagent 40% de la richesse. Une réalité que le prix Nobel d'économie 2008, Paul Krugman, a décrite avec brio dans son ouvrage "L'Amérique que nous voulons" et que je résume sur ce blog. En se rendant sur le site Web "We are the 99 percents", on peut aussi se familiariser avec les revendications des indignés. Ce qu'ils veulent en deux mots? Une société plus égalitaire où la richesse serait mieux distribuée.

Bien sûr, il y a toutes sortes de façons de déplorer cette inégalité, que ce soit en dénonçant le haut taux de chômage (10%) ou encore en réclamant une réforme du système de santé où le public jouerait un rôle plus important. Mais ce qui choque surtout les manifestants, c'est de voir comment dans une période dite d'austérité économique, les riches continuent de bénéficier d'avantages injustes. Ainsi, les coffres des grandes banques (et même de certaines multinationale, pensons à GM et à Chrysler) ont été dernièrement renfloués par les fonds publics, forçant paradoxalement l'État à s'endetter encore plus.

Or, plusieurs de ces banques dégagent toujours des profits records, par exemple la banque JP Morgan. De plus, les multimillionnaires bénéficient encore et toujours de taux d'imposition avantageux et de la possibilité d'utiliser toutes sortes de niches fiscales qui leur permettent d'échapper au fisc (selon Paul Krugman, ces niches privent l'État de 50 milliards de dollars par an environ). Même le milliardaire Warren Buffet a admis qu'il était fiscalement mieux traité que sa réceptionniste! Les indignés de Wall Street réclament donc un ajustement à cet égard.

En fait, c'est un grand ménage dans le monde de la finance qui est aussi exigé. On peut bien d'un côté sauver les grandes banques de la faillite, mais il faudrait de l'autre exiger une contre-partie. Cette contre-partie est pour le moment jugée insuffisante.

À quand l'adoption d'une taxe Tobin sur les transactions financières? À quand la mise sur pied de la fameuse règle Volcker, qui vise à interdire aux banques de dépôts assurés par l'État de s'adonner à des placements spéculatifs? À quand un réexamen sérieux du rôle qu'ont joué les agences de notation dans les dernières crises économiques? On reproche entre autre aux agences d'être en situation de conflits d'intérêts, puisqu'elles sont payées par les firmes même dont elles sont chargées de l'évaluation.

Les demandes de réformes exigées par le mouvement Occupy Wall Street sont en effet nombreuses et variées, mais elles sont cohérentes et précises. Reste à ce que la mobilisation populaire se poursuive et que la volonté politique soit au rendez-vous.











mardi 11 octobre 2011

La saison des élections.

Rien n'illustre autant l'adage canadien des "deux solitudes" que lors d'élections dans des provinces ou territoires autres que la sienne. Au cours du mois d'octobre, huit élections provinciales se sont tenues ou vont se tenir, alors que nous en entendons très peu parler au Québec.

Pourtant, celles-ci ont une influence importante qui va au-delà de la seule politique intérieure provinciale. Elles peuvent en effet modifier considérablement les rapports de force fédéral-provincial. Stephen Harper suivait donc de prêt l'élection ontarienne du 6 octobre 2011. Si les conservateurs provinciaux de Tim Hudak l'avaient emportée - heureusement, ils l'ont perdue - Harper aurait complété un "tour du chapeau" et sa famille idéologique aurait été en contrôle des paliers fédéraux, provinciaux et municipaux (avec le conservateur Rob Ford à la mairie de Toronto). La légitimité de son gouvernement aurait été clairement solidifiée.

Je vous propose un bref survol de ce mois d'octobre chaud en courses électorales.

Saskatchewan: Les élections se tiendront le 7 novembre. On voit mal ce qui pourrait déloger le Saskatchewan Party (conservateur) du pouvoir. Le premier ministre Brad Wall est très populaire, auréolé de son récent succès d'avoir empêché (grâce aux conservateurs fédéraux) la vente de PotashCorp à des intérêts australiens. L'économie de la Saskatchewan est dopée par la montée importante du prix des céréales sur le marché et les électeurs cherchent la stabilité.

Territoire-du-Nord-Ouest: Les élections ont eu lieu le 3 octobre. Il n'y a pas de partis politiques dans ce territoire. Un assemblée législative de 19 élus a été choisie et devra prochainement se donner un nouveau premier ministre pour remplacer Floyd Rolant. La dévolution de pouvoirs additionnels reste un enjeu constant pour les territoires.

Yukon: Les élections se tiennent aujourd'hui. Contrairement aux Territoires-du-Nord-Ouest, les partis politiques existent. C'est le parti du Yukon de Darrell Pasloki qui est au pouvoir depuis 2002.

Terre-Neuve: Les élections se tiennent aussi aujourd'hui. Il s'agit d'un test important pour Kathy Dunderdale, qui a remplacé il n'y a pas très longtemps le très populaire Danny Williams à la tête de la province et du Parti progressiste-conservateur. Si les conservateurs semblent assurés de la victoire, il sera intéressant de voir si le NPD pourra former l'opposition officielle, ce qu'il n'a jamais réussit à faire dans cette province.

Île-du-Prince-Édouard: Les élections ont eu lieu le 3 octobre et avouons-le, ce n'était pas la course la plus palpitante. Ce sont les libéraux de Robert Ghiz qui ont remporté un gouvernement majoritaire. Son principal défi sera de s'attaquer au taux de chômage de la province, qui est supérieur à 11%.

Alberta: Les élections ont eu lieu le 1er octobre. Il s'agissait dans ce cas pour le Parti progressiste-conservateur déjà au pouvoir de remplacer le chef démissionnaire Ed Stelmach. C'est Alison Redford qui a remporté la course, une première femme à occuper ce poste. Selon toute vraisemblance, c'est une figure marquée moins à droite que son prédécesseur.

Manitoba: Les élections ont eu lieu le 4 octobre. C'est le NPD de Greg Selinger qui a remporté la bataille, formant un quatrième gouvernement consécutif. Les Manitobains sont heureux, les Jets sont revenus à Winnipeg....pourquoi changer une formule gagnante?

Ontario: Les élections ont eu lieu le 6 octobre et le libéral Dalton McGuinty a remporté la bataille. Son parti formera un troisième gouvernement consécutif (minoritaire). Du point de vue d'un francophone, il fallait clairement préférer McGuinty au conservateur Tim Hudak, qui ne parle pas le français et ne souhaite pas l'apprendre. McGuinty est un franco-ontarien et seulement le troisième premier ministre francophone hors-Québec de l'histoire du Canada.

La mauvaise nouvelle toutefois, c'est que McGuinty est un allié idéologique de Jean Charest et il a été élu alors que tous les observateurs le croyaient perdu. Charest doit se dire qu'il pourra faire pareil au Québec aux prochaines élections qui, malheureusement, ne se tiennent toujours pas à date fixe.

Au secours!

samedi 8 octobre 2011

Plaisirs de Charlevoix

Plusieurs fois par année, je me rends dans la région magnifique de Charlevoix. C'est l'hiver que les paysages y sont les plus spectaculaires à mon avis, mais l'automne offre incontestablement des scènes à couper le souffle et la lumière y est souvent splendide. Voilà pourquoi il s'agit d'une région stimulante et inspirante pour les peintres et les artistes.

Je profite ainsi du congé de l'Action de grâce pour m'adonner aux plaisir de Charlevoix. Voici une liste de mes dix coups de coeur de la région, à l'automne:

10 - Voir un spectacle de musique au domaine Forget à Ste-Irénée.

9 - Lire un bouquin sur le bord de l'eau, à Ste-Aimée des Lacs.

8 - Se promener sur le quai de Ste-Irénée et sur la voie de chemin de fer qui longe le fleuve.

7 - Visiter les ateliers de peintre aux Éboulements.

6 - Faire une visite du Musée d'art contemporain de Baie St-Paul (en ce moment, une très belle exposition d'oeuvres de collectionneurs québécois).

5- Se procurer divers produits du terroir, notamment les sublimes fromages de la Maison Maurice Dufour, ou encore le pain du Moulin de la Rémy.

4- Déambuler sur la rue St-Jean-Baptiste à Baie Saint-Paul et y dîner soit au Café des Artistes ou chez Joe Smoked Meat.

3 - Faire la randonnée de l'Acropole des Draveurs, au Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie.

2 - Faire du vélo à l'Isle-aux-Coudres

1 - Faire la randonnée du Pioui au Parc national des Grands-Jardins.

J'omets volontairement de vous faire partager certaines découvertes. Il faut bien se garder quelques secrets non? Et vous, qu'aimez-vous faire dans la région?

jeudi 6 octobre 2011

Legault et la stratégie de la division.

François Legault en a encore sorti une bien bonne hier, mercredi le 5 octobre. Il a affirmé que le cégep (collège d'enseignement général et professionnel) est une belle place pour "apprendre à fumer de la drogue" et qu'il faudrait considérer les abolir éventuellement.

D'une part, ce type de boutade est un argument populiste facile qui propose une solution draconienne et improvisée à un problème réel, mais marginal. D'autre part, Legault a bien mal choisi son moment pour faire sa déclaration. Le 5 octobre était la Journée mondiale des enseignants, visant à rendre hommage au travail central que ceux-ci jouent dans l'éducation de nos sociétés. Pour célébrer leur travail, Legault propose d'abolir une institution qui, depuis quarante-cinq ans, a contribué à l'éducation de centaines de milliers de jeunes Québécois. Quel tact!

Pourquoi les cégeps sont-ils utiles?

L'analyse de François Legault sur les cégeps est sommaire. Il affirme par exemple que le taux de diplomation est trop bas, alors que le Québec a le plus haut taux de diplomation postsecondaire au Canada! Par ailleurs, si la consommation de drogue à l'école et le décrochage sont pour Legault des priorités, c'est surtout au secondaire que des gestes devraient être posés.

L'idée d'abolir les cégeps n'est pas nouvelle. Il y a déjà eu plusieurs réflexions et sommets sur la question, le dernier en lice étant le Forum sur l'avenir de l'enseignement collégial (2004) mis sur pied par le gouvernement Charest. On y avait conclut qu'il fallait maintenir les cégeps. La ministre de l'éducation Line Beauchamp a d'ailleurs rapidement déploré les propos de M. Legault.

Au débuts des années 1960, les membres de la commission Parent sur l'éducation (celle qui allait mené à la création des cégeps) jugeaient que cette structure éducative novatrice allait permettre à un plus grand nombre de jeunes de poursuivre des études plus longtemps. Aujourd'hui, 85% des jeunes du secondaire poursuivent leur éducation au niveau collégial et ont accès à une formation supérieure gratuite. En abolissant le cégep et en ajoutant une année au secondaire et une à l'université, les étudiants devront débourser davantage pour accéder à l'université dont les frais viennent d'être augmentés.

Et que dire du volet collégial de la formation continue, qui permet à des milliers d'adultes de faire un retour constructif aux études? Pour reprendre les termes de l'économiste Pierre Fortin, les cégeps sont de "véritables accélérateurs de scolarisation". S'en départir serait une erreur majeure.

Le cégep est aussi une structure qui permet aux étudiants d'avoir une période importante d'orientation scolaire. C'est une période de transition saine où les jeunes se questionnent fortement sur l'avenir et découvrent des disciplines - la philosophie notamment - qu'ils ne connaissaient pas jusque-là. Si ce passage peut s'éterniser dans certains cas - et s'accompagner parfois d'un joint de trop - il n'en demeure pas moins qu'une fois à l'université, l'orientation professionnelle du jeune est mieux précisée.

Quiconque a déjà mis les pieds dans un cégep sait très bien qu'on y trouve toute une série d'activités stimulantes pour les étudiants, qu'il s'agisse de projets de mobilité étudiante à l'étranger ou encore de compétitions sportives de haut niveau.

Comprenons-nous bien: je ne dis pas que les cégeps n'ont pas besoin de changements. Un débat sur les réformes qu'on peut leur apporter est sain et pertinent. Ainsi, je ne suis pas fermé à l'idée de Legault d'insérer un processus d'évaluation plus rigoureux du travail des enseignants, quoique cette évaluation ne devrait jamais se fonder sur les taux de réussite des élèves. La Commission d'évaluation de l'enseignement collégial se penche actuellement sur le sujet.

Legault et la "wedge politics".

Ce qui me déçoit surtout de la sortie de M. Legault, c'est que depuis la formation de la Coalition sur l'avenir du Québec (CAQ), il ne cesse de répéter qu'il cherche à faire de la politique autrement. Or, il est le maître de la langue de bois, des phrases vides et des retournements de veste soudains. Vous vous rappelez, cette déclaration où il soutenait que si la CAQ prenait un jour le pouvoir, il ne s'en tiendrait qu'à un seul mandat? Rapidement, il avait changé sa position, réalisant l'absurdité de la chose.

Je ne crois pas que la proposition de Legault sur l'abolition des cégeps ait été aussi improvisée qu'on pourrait le croire. Même s'il a atténué la portée de ses propos depuis, je crois que Legault utilise une stratégie classique en politique: la "wedge politics". Celle-ci consiste à susciter des débats sur des enjeux qui risquent de polariser et diviser l'électorat. C'est une stratégie risquée, mais lorsque plusieurs partis s'affrontent, celle-ci peut s'avérer payante et je crois que c'est le calcul fait par Legault et son équipe. C'est une stratégie populiste qui permet aussi de rallier certains indécis et électeurs de droite. Mario Dumont était le maître en la matière, de même que Stephen Harper et les conservateurs qui l'ont utilisée avec brio lors des dernières élections.

Legault - c'est décevant- mais ce n'est que du vieux vin dans une nouvelle bouteille!






mardi 4 octobre 2011

Le retour des matamores?

Une nouvelle saison de la Ligue nationale de hockey débute ce jeudi. Le joueur de l'heure dans la LNH, Sydney Crosby, ne commencera pas la saison, celui-ci souffrant d'une commotion cérébrale depuis janvier 2011.

L'absence prolongée de cette super-vedette force la ligue à se poser de sérieuses questions sur ses règlements. Peut-on continuer à tolérer ces innombrables coups portés à la tête et qui mettent sur le carreau de nombreux joueurs de talent? Le cas de Crosby est loin d'être isolé et les commotions cérébrales sont devenues un fléau non seulement dans la LNH, mais aussi dans le hockey mineur. En plus de mettre la sécurité des joueurs à risque, la tolérance de ces coups vicieux contribue paradoxalement à faire perdre à la LNH son principal produit de marketing: des joueurs rapides à la dextérité flamboyante. Il est donc impératif de se débarrasser de ces matamores qui font carrière dans la LNH davantage pour leur poids et leurs poings que pour leur talent.

L'effet Shanahan

Depuis juin 2011, la LNH s'est donné un nouveau préfet de discipline: l'ancien joueur Brendan Shanahan. Sa principale responsabilité consiste à appliquer le règlement et à distribuer des suspensions pour les joueurs qui le transgressent.

Dès son entrée en poste, M. Shanahan a affirmé qu'il souhaitait s'attaquer au fléau des coups à la tête. Jusqu'ici, les observateurs sont unanimes à applaudir le travail de Shanahan. Pour les matchs pré-saisons, le préfet de discipline a procédé à un nombre record de suspensions pour des coups portés à la tête. Ses décisions sont même expliquées et justifiées dans de courts extraits vidéos qu'on peut consulter à sa guise sur le site web de la LNH.

M. Shanahan sera-t-il si sévère lors de matchs réguliers? Serait-il si rigoureux lorsque le joueur fautif sera lui-même une super-vedette? Cela reste à voir. Mais ces premières décisions sont encourageantes et j'espère sincèrement qu'on réussira à faire diminuer le nombre de coups à la tête, comme on a réussit à faire diminuer l'accrochage il y a quelques années.

Éventuellement, il faudra aussi considérer enrayer les bagarres. Impossible? Dites-vous que Steve Yzerman, l'actuel directeur-général du Lightning de Tampa Bay, est en faveur d'une telle idée et que son influence sur la LNH n'est pas négligeable. Lentement, mais sûrement...

Du côté du Canadien

Un bref commentaire sur le Canadien de Montréal. Je suis optimiste à l'aube de la nouvelle saison et je crois que l'équipe s'en tirera plutôt bien. Le défenseur étoile Andréï Markov va bientôt revenir au jeu et sera d'un apport inestimable pour son équipe. Le jeune défenseur P.K. Subban sera encore meilleur que la saison dernière. Josh Gorges sera aussi affamé, lui qui s'est absenté la moitié de la saison dernière. J'ai bien hâte de voir ce que les jeunes défenseurs Raphael Diaz et Alexei Emelin pourront apporter au club.

À l'attaque, je crois que l'addition d'Érik Cole comme ailier aura un impact non-négligeable. Je suis aussi persuadé que Scott Gomez aura une meilleure saison que l'an dernier. Il sait qu'il a bien des choses à se faire pardonner et je suis persuadé qu'il le fera. Max Pacioretty semble complètement remis de la mise en échec sournoise de Zdeno Chara qui lui avait fracturé une vertèbre. Avant cet incident, Pacioretty était "en feu" et totalisait 24 points en 37 rencontres. Rien n'indique qu'il ne sera pas en mesure de poursuivre sur ce rythme. Thomas Plekanec est une valeur sûre, de même que Brian Gionta et Michael Cammalleri.

Le fait que les Bruins aient remporté la dernière Coupe Stanley motivera les troupes du Canadien. Le Canadien n'a jamais souffert de complexes face aux Bruins et la lutte entre ces deux équipes est toujours très serrée, rappelez-vous qu'il avait fallu une prolongation lors du 7e match pour sceller l'issue de la série 2011. Je crois que les joueurs du Canadien réalisent ainsi qu'il n'est pas farfelu d'espérer remporter eux-aussi un championnat dans un avenir rapproché.

Ma prédiction: le Canadien finira 6e dans l'Association Est.

Bonne saison!



samedi 1 octobre 2011

World Press Photo 2011: une thérapie de choc


C'est à une véritable thérapie de choc qu'ont droit les visiteurs de l'exposition World Press Photo 2011 qui se tient à Montréal en ce moment, au Marché Bonsecours.

World Press Photo est une organisation qui existe depuis 1955 et a été créée aux Pays-Bas. Son mandat est de mettre en valeur le travail de reporters-photographes et condamner toutes formes de censure médiatique. Avec comme résultat que les clichés retenus pour l'exposition sont souvent crus, intenses et difficiles à regarder.

Des images chocs...

L'exposition du World Press Photo permet de revenir sur les événements marquants de l'année. On trouve donc de nombreuses photos des destructions causées par le séisme en Haïti, dont celle d'une femme enfouit sous les décombres et qui appelle à l'aide....troublant.

Le portrait d'une femme afghane défigurée est lui aussi choquant tout comme les photos des tueries et fusillades dans les rues de Brasilia sont particulièrement dérangeantes. Et que dire de cette femme kenyane qui vient de subir un avortement de fortune et qui baigne littéralement dans son sang? Autant être averti : une visite de cette exposition n'est pas de tout repos. Mais elle a le mérite de nous faire prendre conscience des conditions de vie très difficiles dans lesquelles vivent plusieurs d'entre-nous.

...et quelques-unes rigolotes!

Heureusement, d'autres images lors de l'exposition sont plus légères et font même sourire. Je retiens particulièrement celle des "cholitas" , ces femmes amérindiennes de Bolivie qui luttent entre-elles dans leur costume traditionnel (jupons colorés et chapeaux ronds). Ces combats sont même devenus une attraction touristique prisée dans ce pays. Voici ce que ça donne, en pleine action!



Le World Press Photo 2011 de Montréal se termine demain, dimanche le 2 octobre. Courez-y rapidement, ça vaut définitivement le détour.