Félix-Olivier Riendeau
Il est souvent intéressant de se replonger dans son histoire du Québec, afin de donner un éclairage nouveau à un débat actuel. Dans son Histoire populaire du Québec 1960-1970 (Septentrion : 2008), Jacques Lacoursière rappelle que Jean Lesage et le Parti libéral du Québec promettaient, en 1960, rien de moins que la gratuité scolaire aux Québécois, et ce, à tous les niveaux! Voici ce qu'un panneau électoral du PLQ soutenait à l'époque:
"(...) 50% de nos enfants quittent toute école à 15 ans. La plus basse fréquentation scolaire au Canada! 60% de nos gens sont ouvriers ou cultivateurs. Seulement 24% de nos étudiants universitaires sont leurs fils! 93% de nos écoliers n'iront pas à l'université dans l'état actuel des choses! 77% de nos chômeurs n'ont pas dépassé leur 8e année! La solution libérale: 1. Considérer l'instruction, à tous les degrés, comme problème familial et de responsabilité provinciale. 2. Gratuité scolaire totale, de la petite école à l'université inclusivement - pourvu que l'étudiant ait le talent et la volonté requis. 3. Gratuité des manuels scolaires dans toutes les écoles publiques. 4. Allocations de soutien couvrant le logement, pension et vêtement - selon les besoins de l'étudiant." (p.44-45)
La question que je me pose. Si le Québec d'aujourd'hui est plus riche que celui des années 1960, comment se fait-il que ce projet n'est pas depuis longtemps réalisé? Est-il aussi utopique qu'on semble parfois le croire?
Si ce parallèle entre l'ère Lesage et l'ère Charest vous intéresse, je vous invite à poursuivre avec la lecture du billet d'un collègue du Collège de Maisonneuve, Jean-Félix Chénier. Le titre? Quand Jean Lesage engueule Jean Charest!
Très pertinent de nous rappeler cette vision de Lesage. Je crois qu'on a perdu de vue ce modèle éducatif. Lesage voulait rendre l'éducation accessible pour tous; je ne crois pas que cela soit la perspective du gouvernement actuel! Je rajouterais aussi que le Québec a encore bien du chemin à faire en éducation; nos taux de décrochage sont alarmants. Ce n'est pas en haussant les frais de scolarité qu'on va changer les choses. Le gouvernement Bourassa avait haussé les frais en 1990, il en a résulté une baisse d'inscriptions d'environ 25 000 étudiants; ce n'est qu'en 2003, qu'on a réussi à retrouver le niveau de 1990. Nicolas Bourdon
RépondreSupprimerUne question pour toi: dans un article précédent, tu te disais favorable à une augmentation modérée des frais de scolarité pour les étudiants. As-tu changé d'opinion ? Tu sembles d'accord avec la pensée de Lesage...
RépondreSupprimerNicolas Bourdon
Dans un monde idéal, en effet, je deviens de plus en plus favorable à cette idée.
RépondreSupprimerMais dans le contexte actuel et à court terme, je ne crois pas qu'il faille en faire un objet de négociation, car il est hors de question que le gouvernement négocie sur cette base.
De manière plus réaliste, je crois qu'il y aura un dégel, que cela plaise ou non. Il faut donc envisager des mesures atténuantes (le RPR n'est certes pas suffisant), comme l'étalement de cette hausse sur dix ans plutôt que cinq (par exemple) ou l'amélioration des programmes de bourse.