mercredi 16 novembre 2011

Pourquoi la CAQ de Legault ne me convainc pas?

C'est officiel, la Coalition pour l'avenir du Québec est maintenant un parti politique. Cette annonce de lundi n'a surpris personne, sauf qu'elle aura permis de savoir encore davantage à quelle enseigne loge celui qui deviendra vraisemblablement le chef de la nouvelle formation, François Legault.

On en a ainsi profité pour dévoiler le nouveau logo de la formation qui, contrairement aux multiples quolibets qu'on lui a adressés, me semble plutôt joli sur le plan visuel et graphique. Mais cela est malheureusement bien peu pour rallier des électeurs et juger de la crédibilité d'un parti politique.

Ce qui devrait surtout nous intéresser, c'est bien entendu les idées présentées par la Coalition et la qualité des personnes qui font partie de l'équipe. Sur ces deux aspects, la CAQ est loin de me convaincre.

Sur le plan des idées

La Coalition Avenir Québec a précisé ses priorités dans un court plan d'action le 14 novembre. Je vous mentirais en disant qu'aucune des idées qui y sont présentées ne sont intéressantes. Par exemple, s'engager à fournir un médecin de famille pour chaque Québécois, renforcer les pouvoirs de l'Office québécois de la langue française, rehausser le financement des université et le salaire des enseignants (en échange d'une évaluation plus serrée) ou encore utiliser la clause dérogatoire pour interdire l'utilisation des écoles passerelles sont toutes des actions qui m'apparaissent nécessaires. Encore faudrait-il que la CAQ explique avec plus de précisions les méthodes qu'elle entend utiliser pour mettre en place ces mesures, ce qu'elle n'a pas fait jusqu'ici.

D'autres idées me laissent toutefois très perplexes, notamment cette volonté d'abolir de nombreuses structures bureaucratiques (commissions scolaires et agences de santé) ou encore de financer les établissements de santé en fonction du volume de soin dispensé. La CAQ adopte une approche "affairiste" et comptable de la société qui ne me plaît pas. On ne gère pas une société comme on gère une entreprise et l'ancien président d'Air Transat jette parfois un regard trop "mathématique" sur les rapports sociaux. Ainsi, pour mesurer la "performance" des enseignants, Legault a longtemps suggéré que ceux-ci soient évalués en fonction des résultats des étudiants, une idée absurde. Il a heureusement nuancé ses propos à cet égard depuis quelques jours. Rappelez-vous aussi que lorsque M. Legault était ministre de l'Éducation au Parti québécois, il avait mis en place les fameux contrats de performance avec les universités, qui n'avaient pas donné les résultats escomptés.

Des idées intéressantes donc, d'autres qui le sont moins. Mais que dire des idées qui elles, sont carrément absentes? Rien sur l'environnement, rien sur les villes et le transport, rien sur les aînés, rien sur les garderies... Je comprends que la CAQ veuille maintenir le suspense sur ses intentions et son programme, mais je suis inquiet de constater que la CAQ suscite un tel engouement chez les Québécois, alors qu'elle n'a pas pris position sur des enjeux aussi cruciaux.
La CAQ ne prend par ailleurs pas de position claire sur la question nationale. En minimisant l'importance de cette question, on se demande comment le parti réagirait sur des dossiers intergouvernementaux comme la fiscalité, la justice, les relations internationales, les transferts financiers, etc.

La personnalité

Sur le plan de l'image et du charisme, M. Legault ne m'inspire pas. Je ne sens pas la flamme qui l'anime lorsqu'il prétend vouloir changer le Québec. Je me méfie aussi des politiciens qui lancent des idées comme des "ballons d'essais" (voir le texte sur mon blogue à ce sujet), pour ensuite les changer au gré des humeurs de la population. Même s'il est vrai qu'un parti ne doit pas hésiter à s'ajuster aux demandes du peuple, il doit aussi savoir faire preuve de leadership et amener la population à adhérer à des idées tout à fait nouvelles. Peut-on croire que lors de la Révolution tranquille dans les années 1960, le PLQ de Jean Lesage n'ait pas initié des changements plus rapides que ce que la population réclamait? Même chose entre 1976 et 1980, où le PQ a carrément mis en chantier une deuxième Révolution tranquille. Il me semble que les périodes de notre histoire qui ont été les plus fécondes sur le plan législatif sont celles où les partis politiques ont fait preuve d'audace et de courage.

Dans le plan d'action de la CAQ, je ne vois rien de véritablement nouveau. La plupart des idées présentées sont défendues par les partis déjà existants sur la scène provinciale. On dirait une sorte de liste d'épicerie aux éléments disparates, sans vue d'ensemble. Il vous fait rêver et donne envie de vous impliquer, ce plan d'action? Si oui, je serais curieux de savoir pourquoi.

Si l'aspect "nouveauté" vous attire, n'avez-vous pas pensé que le Québec n'a jamais eu de femmes à la tête de l'exécutif? Pourtant, deux aspirent à cette fonction, en l'occurrence Françoise David et Pauline Marois. Voilà un simple changement qui m'apparaît à lui seul plus inspirant que tous ceux présentés par la CAQ. Je préfère donc pour le moment donner mon appui à l'une d'entre-elles.

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