jeudi 24 novembre 2011

Douglas Coupland: icône des lettres canadiennes

Je suis actuellement plongé dans un roman de Douglas Coupland intitulé JPod (Édition Diable Vert: 2006). Coupland est un auteur canadien (il est né en Allemagne, mais a passé l'essentiel de sa vie ici) très célèbre qui a acquis une notoriété internationale surtout pour son premier roman Generation X : Tales for an Accelarated Culture (1991). C'est la première fois que je lis Coupland et je dois reconnaître qu'il a un talent hors du commun. On a tendance à l'oublier, mais il y a de grands auteurs au Canada anglais (le Canadien Roberston Davies est un de mes romanciers favoris) et Coupland fait partie de ce lot.

JPod

JPod est le nom d'un studio de confection de jeux vidéo de Vancouver, dans lequel six codeurs et animateurs se sentent aliénés par les tâches redondantes qu'ils doivent accomplir et par les exigences souvent absurdes des impératifs du marketing. De l'extérieur, les employés de JPod ont l'air cool et branché, mais à l'intérieur, ils sont tiraillés par des questions existentielles sur leur avenir, leur origine et leur identité. En gros, JPod est une réflexion profonde sur la place qu'occupent les technologies dans nos vies et sur l'asservissement qu'elles nous imposent. En voici un extrait croustillant et brillant:

"Vous êtes un assemblage déprimant d'influences de culture populaire et d'émotions étouffées, commandé par les hoquets du moteur de la forme la plus banale de capitalisme. Vous passez votre vie à avoir le sentiment d'être en permanence à deux doigts de devenir obsolète - à l'égard du marché du travail comme de la culture. Et tout ça vous rattrape. Votre vie et votre mort sont dictés par le cycle du développement. Vous êtes des drosophiles esthétisées dont le cycle de vie est réglée par l'entreprise. Si ce n'est pas un calendrier de production de jeu budgétisé sur dix-huit mois, c'est un planning d'obsolescence du matériel informatique sur cinq ans. Tous les cinq ans, vous devez jeter à la poubelle tout ce que vous savez et apprendre les caractéristiques d'une nouvelle gamme complète de matériels et de logiciels, en reléguant au crasier cosmique ce qui était autrefois fondamental dans vos vies"

C'est un long passage, mais n'est-il pas majestueux? Voici enfin une entrevue de George Stroumboulopoulos avec Douglas Coupland, dans laquelle vous apprécierez l'humour ironique de l'auteur (surtout au début), mais découvrirez aussi son parcours personnel difficile:


3 commentaires:

  1. Ahh je veux le lire. Es-tu du genre à prêter tes livres?? J'y ferais attention, genre pas choisir ce livre pour le lire dans mon bain hehe

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  2. Mais oui certainement.....il me fera plaisir de te le prêter. Je vais essayer d'y penser la prochaine fois qu'on se voit.

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  3. Très bon papier. Tu deviendras vite un spécialiste de la culture canadienne anglaise : ils sont si rares ! Graham Fraser (l'un des derniers anglos à connaître nos deux cultures) serait fier de toi...

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