mardi 29 novembre 2011

Formidable Monsieur Lazhar

(*Attention ce billet révèle des éléments du film*)

Pour un enseignant, la période des corrections de fin de session est toujours un peu déprimante. D'une part, c'est un aspect très technocratique et redondant de la fonction. D'autre part, on s'attriste parfois de voir quelques étudiants bâcler leurs examens et travaux finaux pour ainsi compromettre la réussite de leur cours.

Heureusement, pour nous remonter le moral (je suis moi-même enseignant), il y a des films comme Monsieur Lazhar où l'on voit l'importance que peut avoir un enseignant dans le parcours d'une personne. Le film est réalisé par Philippe Falardeau et est toujours sur nos écrans (il s'agit d'une adaptation d'une pièce d'Evelyne de la Chenelière). Je vous le recommande chaudement.

Des thèmes riches et diversifiés

L'histoire raconte celle de Bashir Lazhar, un Algérien qui recherche l'asile politique au Québec. Pendant son séjour ici, il se cherche un travail et finit par remplacer une enseignante de sixième année qui vient de commettre un suicide en pleine classe. Monsieur Lazhar a donc comme principal défi d'aider les enfants de la classe à surmonter le deuil d'une enseignante perdue, tout en continuant leur apprentissage de la matière.

En parallèle de son travail en classe, Monsieur Lazhar doit apprendre à s'intégrer à une nouvelle culture et lui-même faire le deuil de son pays et de sa femme tuée là-bas pour des raisons politiques.

Trois thèmes profonds et riches réussissent ainsi à être abordés (suicide, enseignement et immigration), sans que tout cela ne devienne trop lourd. Les dialogues sont somme toutes légers (un contraste intéressant vu les thèmes explorés), mais touchants et justes. Le jeu des comédiens (notamment des enfants) est solide. On y découvre aussi Mohammed Fellag (M. Lazhar), un comédien et humoriste algérien connu en France, mais peu au Québec. Son jeu est subtil et convaincant. Suivez mon lien pour écouter l'une des entrevues de Fellag.

Je n'ai qu'un seul bémol par rapport au film, qu'une collègue m'a fait remarquer. On apprend à la fin de l'histoire que Monsieur Lazhar n'a jamais été enseignant dans son pays d'origine (il était restaurateur) et qu'il ne pouvait donc pas légalement enseigner au Québec. Il est donc congédié, même s'il a accomplit une tâche remarquable. Le hic? On laisse implicitement entendre qu'il est possible d'être un excellent enseignant, sans aucune formation spécifique à cet égard. Je conviens que cela n'est pas impossible, bien sûr, mais pour un film qui venait jusque-là de faire l'éloge du travail enseignant, il me semble qu'il s'agit-là d'un message contradictoire.

Mais "l'erreur" est mineure. Monsieur Lazhar est un excellent film qui mérite d'être vu. Voici la bande-annonce du film:



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