Les nouvelles des dernières semaines sont plutôt bonnes pour le Parti québécois et Pauline Marois. Cinq événements ont récemment fait les manchettes et permettent de redonner espoir au parti en vue des prochaines élections.
1. L'arrivée de Daniel Breton
Alors que François Rebello affirmait tout récemment que la cause écologiste serait mieux servie chez la CAQ, voilà que le PQ fait le coup fumant de recruter un militant environnementaliste reconnu: Daniel Breton. Il a déjà dirigé l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique et fondé le mouvement "Maître chez nous 21e siècle". En 2003, M. Breton s'était opposé au projet de construction d'une centrale au gaz à Beauharnois (le Suroît) et le gouvernement libéral avait reculé dans ce dossier. Plus récemment, M. Breton a aussi contribué à ce que le gouvernement décrète un moratoire sur l'exploitation des gaz de schiste. Il rédige aussi des chroniques pour le quotidien Le Devoir et intervient régulièrement sur les ondes de Radio-Canada.
Alors que plusieurs députés ont quitté le PQ dans les derniers mois, l'arrivée de M. Breton freine l'hécatombe et montre que le parti peut encore attirer des candidatures prestigieuses.
2. "La dame de béton"
C'est le journaliste Stéphane Laporte (La Presse) qui a le premier surnommé Mme. Marois ainsi, dans une chronique élogieuse. "Dame de béton", pour souligner la ténacité, le courage et la conviction qu'elle a démontrés face à son possible remplacement par Gilles Duceppe à la tête du parti. Pour la première fois, la population ne verrait donc plus Mme. Marois comme une bourgeoise carriériste déconnectée de la réalité, mais comme une femme qui "mange son pain noir" et qui doit se battre pour obtenir ce qu'elle souhaite.
Les faiseurs d'image du PQ doivent toutefois s'assurer que c'est cette interprétation de l'expression "dame de béton" qui sera retenue par la population. Le béton, c'est aussi ce qui peut faire "couler" un parti. Le "béton", c'est rigide. C'est froid.
Bref, le PQ tient là une arme - à double tranchant certes - mais c'est une arme qu'il n'avait pas il y a quelques jours.
3. Le sondage Léger Marketing - Le Devoir - The Gazette
Selon ce sondage, 28% des électeurs québécois auraient voté pour le NPD et 27% pour le Bloc québécois si des élections fédérales avaient eu lieu la semaine dernière. Ce qui est bon pour le Bloc n'est pas nécessairement bon pour le PQ, mais ces chiffres tendent à montrer qu'on a peut-être annoncé trop rapidement la mort du Bloc, suite à ses résultats désastreux lors des élections fédérales du 2 mai dernier.
L'attrait envers le NPD est réel, mais celui-ci est peut-être éphémère, surtout lorsque le parti tarde à se donner un chef et qu'il commet des erreurs importantes, comme celle de permettre la nomination d'un juge unilingue anglophone à la Cour suprême.
Le même phénomène pourrait très bien se produire au niveau provincial. Rien ne garantit que la popularité de la CAQ de Legault soit si solide. Lisez par exemple cette intéressante analyse qui explique que la force de la CAQ n'est peut-être qu'apparente. D'ailleurs, depuis l'automne, les intentions de vote envers ce nouveau parti sont passées de 41% à 30%.
Cela est certainement favorable et encourageant pour le PQ.
4. L'ouverture de Marois au référendum d'initiative populaire
Lors du conseil national du parti qui s'est terminé hier, Mme. Marois s'est dite d'accord avec l'idée du référendum d'initiative populaire. En gros, cette idée implique qu'un référendum sur la souveraineté du Québec ne serait plus déclenché par un éventuel gouvernement péquiste, mais par une pétition recueillant un nombre déterminé de signatures (de citoyens et de députés).
Il y a deux avantages importants à cette idée.
Le premier est qu'elle rend stérile un débat qui contribue à diviser autant de péquistes: quand devrait-on déclencher un référendum sur la souveraineté du Québec? Ainsi, les militants du parti déploieraient moins d'efforts à débattre à l'interne et plus d'efforts à défendre leur option à l'externe et à critiquer le gouvernement libéral.
Le deuxième est qu'elle envoie un message positif à la population. Le PQ démontre qu'il croit en la sagesse populaire et qu'il respecte l'ambivalence et l'incertitude des citoyens face à la question de la souveraineté. Le PQ s'engage à accepter le rythme de la population.
Une des raisons qui explique aujourd'hui la popularité de la CAQ, c'est précisément qu'elle exploite habilement cette ambivalence, mais en refusant de prendre toute position claire sur la question nationale. Avec le référendum d'initiative populaire, le PQ peut à son tour "exploiter" cette ambivalence, mais pas au prix de ses convictions et de sa raison d'être.
5. Les discussions avec Québec Solidaire
Depuis quelques semaines, des émissaires de chacun des partis discutent d'une éventuelle alliance en vue des prochaines élections. Je vous laisse lire Jean-François Lisée sur la teneur de ces discussions et de ces rapprochements.
Sur le plan du strict calcul électoral, je crois qu'une telle entente augmenterait les chances -autant du Parti québécois que de Québec Solidaire - de remporter plusieurs circonscriptions. Par ailleurs, en tenant ces discussions, Mme. Marois démontre qu'elle cherche à discuter, à rassembler et à collaborer. Elle parviendra peut-être ainsi à se départir de cette image de femme autoritaire qui impose la ligne de parti sur des projets de loi (204) controversés.
Les élections sont pour bientôt et le PQ a besoin d'un électrochoc s'il veut les remporter. Je croyais et espérais que l'arrivée de Gilles Duceppe fasse cet effet. Comme ce scénario ne se produira pas, le PQ doit chercher ses solutions ailleurs. Il en a les moyens.