vendredi 20 janvier 2012

Le courage de Gilles Duceppe

Depuis un bon moment déjà, je soutiens (voir ce billet sur mon blogue) que Gilles Duceppe doit faire le saut en politique provinciale pour prendre la tête du Parti québécois ou à tout le moins pour y jouer un rôle central. En septembre dernier, il avait écarté cette possibilité, mais on apprenait hier que Gilles Duceppe teste en ce moment ses appuis et envisage sérieusement remplacer Pauline Marois à la tête du PQ. Sans qu'il n'ait explicitement manifesté son intention de revenir, on sait qu'il a rencontré dernièrement Louise Beaudoin (actuellement députée indépendante) pour savoir si elle reviendrait au PQ dans l'éventualité d'un retour. Mme. Beaudoin a répondu par l'affirmative.

Certains commentateurs (par exemple Jean-François Lisée) qualifient la sortie de M. Duceppe de prématurée. D'autres soutiennent que M. Duceppe fait preuve d'hypocrisie. Pour ma part, je crois que Gilles Duceppe fait preuve de courage.

Une décision difficile

Gilles Duceppe a beaucoup à perdre à se joindre au PQ. Même s'il bénéficie de nombreux appuis parmi les députés péquistes, plusieurs s'opposent aussi à sa venue, craignant entre autres un style de leadership plus autoritaire que celui de Pauline Marois. Dans l'éventualité d'un retour, il devrait fort probablement se lancer dans une course à la chefferie ennuyeuse, alors qu'il préférerait certainement un "couronnement" moins éprouvant. À moins qu'il ne revienne dans un rôle de second violon, mais rien n'indique que ce scénario ne soit sérieusement envisagé.

Après la débâcle du 2 mai aux élections fédérales et la quasi-disparition du Bloc québécois, M. Duceppe pourrait simplement prendre du temps avec sa famille, se reposer (il a 65 ans et déjà donné plusieurs années de sa vie à la politique) et profiter de son généreux fonds de pension versé par le fédéral. Revenir diriger le PQ - un parti très dur envers ses chefs - est une tâche titanesque. Inévitablement, il devrait expliquer à ses militants la stratégie qu'il entend adopter pour mener le Québec à la souveraineté, un sujet sensible et casse-gueule au PQ.

Par ailleurs, rien ne garantit une victoire du PQ aux prochaines élections avec Gilles Duceppe à sa tête, même si les sondages sont encourageants. Un échec à amener le PQ vers la victoire vaudrait à Gilles Duceppe la triste réputation d'être le fossoyeur de deux partis politiques, voire de la cause indépendantiste.

Duceppe joue donc une partie serrée, alors que rien ne l'y oblige.

Éviter les médias

Le principal problème avec la "sortie" de Gilles Duceppe, c'est que le PQ projette encore une fois l'image d'un parti divisé et impossible à gérer. Les ténors du SPQ-Libre (Marc Laviolette) en ont rajouté en appelant explicitement à la démission de Pauline Marois. L'effet pervers, c'est qu'une telle sortie mine encore davantage la crédibilité de Mme. Marois, alors qu'elle reste une alliée incontournable dans la lutte contre le gouvernement de Jean Charest.

Or, pourquoi le retour de Gilles Duceppe impliquerait-il nécessairement le départ de Pauline Marois? Pourquoi ne pas envisager un tandem de transition et évaluer d'autres scénarios ultérieurement?

Toujours est-il que toutes ces discussions devraient idéalement se dérouler à huis-clos. Sur la place publique, les militants et députés du PQ devraient revenir à la base, c'est-à-dire critiquer et questionner l'actuel gouvernement de Jean Charest. Que je sache, c'est d'abord lui qui doit rendre des comptes. Pas le PQ.

3 commentaires:

  1. Intéressant comme point de vue et différent de ce qu'on entend en général.

    Vivement Gilles à la tête du PQ! Pauline, quant à moi, c'est une carriériste qui veut être la première première ministre. Si vraiment elle faisait de la politique par humanisme, elle ne serait pas partie quand quelqu'un d'autre a été élu chef, pour revenir seulement dans le but de devenir chef. Solution à deux? Pense pas que Pauline aimerait ça...

    Je pense que Duceppe aurait de sérieuses chances de mettre la souveraineté de l'avant... et il faudrait se dépêcher, Harper, pu capable!!!

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  2. Que penses-tu de l'arrivée de Daniel Breton au PQ? Pour ma part, je crois que c'est très positif, car ça montre que le PQ peut encore attirer des politiciens plutôt qu'en faire fuir... Il est même assez étonnant que cet environnementaliste qui a plusieurs fois critiqué le PQ ait décidé de faire le saut avec le parti de Pauline Marois plutôt qu'avec Québec solidaire.
    Nicolas Bourdon

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  3. Oui, l'arrivée de Breton est certainement une bonne nouvelle pour le PQ.

    Probablement un calcul de sa part qu'il aura plus de chances de faire avancer ses dossiers (Maître chez nous) avec le PQ qu'avec QS.

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