jeudi 8 décembre 2011

Russie: l'impossible démocratie?

Dimanche dernier, le 4 décembre, il y avait des élections législatives en Russie. J'étais curieux d'en voir les résultats, car je me pose souvent cette question à savoir si la démocratie peut s'implanter dans le centre de l'ex empire soviétique, là où le communisme a été bien ancré pendant 74 ans. C'était entre autres la promesse et l'ambition de Mikhaël Gorbatchev, celui qui lança l'URSS sur la voie de la libéralisation économique et politique à partir du milieu des années 1980. Si le sujet vous intéresse, procurez-vous le dernier numéro du Courrier International qui porte sur cet enjeu.

Un autoritarisme bien implanté

En 2011, la Russie est tout sauf démocratique. D'une part, on sait que Vladimir Poutine (actuel premier ministre et ancien président) dirige la Russie depuis 1999 et qu'il entend continuer son règne encore pour de nombreuses années, fidèle à la longévité légendaire des tsars ou des anciens chefs d'État en URSS. Il a bien sûr "cédé" pendant quelques années son titre de président à Dimitri Medvedev, mais tout le monde sait que le changement n'était que cosmétique (afin de respecter à la lettre la Constitution qui limite le président à deux mandats consécutifs, mais en trahissant l'esprit) et que Poutine demeurait le véritable maître du jeu.

Par ailleurs, on sait que la liberté de presse est pratiquement inexistante en Russie. On y trouve bien des médias indépendants et contestataires, mais ceux-ci demeurent marginaux et quiconque va trop loin dans ses critiques risque d'en payer le prix fort. Rappelez-vous le sort qui avait été réservé à la journaliste Anna Politkovskaïa. Celle-ci avait été assassinée selon toute vraisemblance pour ses activités professionnelles. C'était une ardente critique du régime Poutine, notamment pour la guerre qu'il mena en Tchétchénie.

Le régime Poutine est aussi extrêmement centralisé. La corruption est endémique et l'élite du régime Poutine est constituée pour l'essentiel d'anciens du FSB (les services secrets, ancien KGB) qui contrôlent les conseils d'administration des grandes entreprises privées, notamment dans le secteur clé de l'énergie. Les gouverneurs des districts fédéraux (l'équivalant de nos provinces, en gros) sont nommés par le président, tout comme les membres du Conseil de la Fédération (la chambre des régions).

Sur le plan électoral

Sur le plan électoral, la réalité est tout aussi difficile, car la formation de nouveaux partis politiques est quasi impossible. Le pluralisme est fortement limité en Russie et l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a déploré le manque de transparence des élections de 2007, tout comme celles de dimanche dernier. Plusieurs manifestants sont justement sortis dans les rues dernièrement afin de protester contre le déroulement suspect des dernières élections.

Les résultats ont pourtant été plus faibles que prévus pour le parti Russie unie de Vladimir Poutine. Celui-ci a obtenu 50% des voix, mais conserve sa majorité absolue des sièges à la Douma (Parlement).

C'est une bonne nouvelle.

Il s'agit d'une baisse de 17 points de pourcentage par rapport aux élections de 2007. Vladimir Poutine est donc probablement moins populaire auprès de la population que l'on voudrait parfois nous le faire croire. Des sondages sont en effet sporadiquement rendus publics pour attester de "l'amour" que le peuple russe aurait à l'endroit de Poutine. Je reçois toujours ces sondages avec une part de suspicion et les récents résultats électoraux semblent confirmer mes doutes.

Enfin, on assiste en ce moment à une forte mobilisation populaire où l'on critique entre autres les fraudes qui ont entaché le processus électoral. Si l'on croit certains journalistes, il y aurait longtemps que nous n'aurions pas vu de manifestations d'une telle ampleur en Russie. Même Mikhaël Gorbatchev s'est mis de la partie, en réclamant ni plus ni moins la tenue d'un nouveau scrutin.

Le début d'un printemps russe en plein hiver? C'est possible.








1 commentaire:

  1. Je kife sur ce genre de blog. Bravo. Vous avez un nouveau lecteur! Je vous ai mis dans mes favoris. En plus j'aime bien votre touche très personnelle et votre façon de présenter les trucs ! Cool, continuez!!!

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