mercredi 31 août 2011

L'Indonésie: un pays méconnu (2e partie).

L'Indonésie a proclamé son indépendance politique en 1945, mais a officiellement été reconnue en 1949. Dès le début du 20e siècle, des mouvements indépendantistes apparaissent et réclament la fin de la colonisation néerlandaise.

Une des plus imposantes organisations nationalistes de l'époque, c'est le Parti national indonésien (PNI), fondé en 1927 et dirigé par Sukarno (sur la photo). La Deuxième Guerre mondiale va accélérer la route vers l'indépendance. En 1942, les Japonais envahissent le pays et matent la résistance des Alliés et des Néerlandais. Le Japon ne "libère" pas les Indonésiens comme certains l'auraient espérés, mais agit comme n'importe quelle puissance occupante, c'est-à-dire de manière autoritaire. À la fin de la guerre, lorsque la chute du Japon apparaît inévitable, les mouvements indépendantistes jugent que le fruit est mûr pour que l'Indonésie vole de ses propres ailes.

De jeunes nationalistes radicaux et pressés kidnappent Sukarno (et son collège Mohammed Hatta) et le forcent à proclamer l'indépendance immédiatement. Sukarno se proclame aussi président et Hatta devient vice-président. Les troupes britanniques, australiennes et néerlandaises reviennent sur place et tentent alors de reprendre le contrôle de la situation. À la suite de nombreuses batailles sanglantes, l'opinion publique internationale condamne l'attitude des Pays-Bas. Ces derniers réalisent qu'une victoire sera très difficile et reconnaissant finalement l'indépendance de l'Indonésie en 1949.

Les inévitables divisions

La devise de l'Indonésie, c'est "l'Unité dans la diversité" (voir 1re partie). Aux débuts de la jeune république, les tensions entre les Indonésiens sont toutefois nombreuses et font clairement ressortir les divergences d'opinions, de valeurs et d'intérêts.

Certains groupes aspirent à ce que l'Indonésie devienne une république islamique, alors que d'autres souhaitent une société laïque. Aussi, certaines régions ne veulent pas faire partie du nouveau pays. Enfin, les groupes communistes sont nombreux. Sukarno parvient à unir, dans une coalition somme toute bancale, l'armée, les groupes religieux et les communistes. Cherchant à centraliser toujours davantage le pouvoir, des opposants soutenus par la CIA (nous sommes aux débuts de la Guerre froide) tentent de renverser Sukarno, sans succès.

Dans les années 1960, le principal parti communiste (PKI) devient une force très puissante. Craignant par ailleurs le pouvoir grandissant de l'armée, Sukarno resserre
son alliance avec le PKI. Il semble que ce rapprochement ait été à l'origine du coup d'État qui amena le général Suharto au pouvoir.
Craignant un complot avec des communistes, des officiers tuèrent six hauts généraux de l'armée pour prétendument protéger Sukarno. Des purges anticommunistes en découlèrent. En 1966, des troupes militaires menées par Suharto s'emparent du palais présidentiel et "demandent" à Sukarno de signer une ordonnance donnant "tous les pouvoirs" au général, afin de rétablir la loi et l'ordre. Une période difficile allait s'ouvrir pour les Indonésiens.

L'ère Suharto (1967-1998)

L'ère Suharto, c'est l'ère de la dictature. Il reste convaincu que seul un régime autoritaire peut assurer l'unité politique de l'Indonésie et sa prospérité économique. Sous sa gouverne (1967-1998), les mouvements indépendantistes du Timor-Oriental et de Papouasie sont sévèrement réprimés. La corruption et le népotisme sont aussi la marque de commerce du clan Suharto. Non seulement l'armée contrôle de nombreux secteurs de l'économie, mais sa femme contrôle alors le commerce de la farine au pays et son fils détient le monopole sur les clous de girofle (que les Indonésiens utilisent dans leurs cigarettes). En 2004, l'organisme Transparency International estimait que Suharto a été la personne la plus corrompue de l'histoire! Ce régime autoritaire est malgré cela longtemps soutenu par les Occidentaux qui convoitent les importantes richesses minières de l'Indonésie. Vers la fin des années 1990, la crise monétaire asiatique déstabilise le régime et les opposants à Suharto deviennent de plus en plus bruyants. Il donne sa démission en 1998.

Une démocratie plus stable

Depuis le départ de Suharto, l'environnement démocratique est plus sain en Indonésie, l'indice de corruption ayant passablement diminué. L'armée a aussi cédé plusieurs de ses privilèges économiques et perdu des sièges qui lui étaient attribués au Parlement. Les médias sont beaucoup plus indépendants qu'auparavant.

On craint parfois le retour en force de groupes islamistes au pays, car il y a eu d'importants attentats terroristes à Bali (2002) et Jakarta (2009), perpétrés par la Jamaah Islamiyah. Mais aux élections de 2009, qui ont mené Susilo Bambang Yudhoyono au pouvoir, le principal parti islamiste (PKS) n'a récolté que 8% des appuis.

Les défis auxquels font face l'Indonésie sont nombreux. C'est d'abord un pays pauvre où une personne sur deux vit avec moins de deux dollars (US) par jour. Plusieurs millions d'Indonésiens n'ont pas l'électricité et d'accès direct à l'eau potable. Les taux de croissance du PIB sont encourageants, ceux-ci étant de l'ordre de 5,5% annuellement depuis 2004. Par contre, la crise financière de 2009 a ralentit cette progression et le taux de chômage demeure élevé.

L'Indonésie a des atouts pour poursuivre son développement. C'est un pays riche en matières premières importantes, notamment le pétrole et le gaz. C'est aussi une société très jeune où 28% de la population a moins de 15 ans.... Certainement une force pour l'avenir.

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