samedi 22 septembre 2012

Sous-ministre, vous dites?

Félix-Olivier Riendeau

On a beaucoup commenté, dans les derniers jours, la formation du nouveau Conseil des ministres de Pauline Marois. Chacune des nominations étaient scrutées à la loupe, en se demandant si le nouvel élu avait le profil de l'emploi. Ainsi, plusieurs se sont réjouis de voir que d'anciens écologistes occupent maintenant des fonctions clés au cabinet, en l'occurrence Martine Ouellet aux Ressources naturelles et Daniel Breton à l'Environnement. D'autres ont fait ressortir la faiblesse de l'équipe économique du PQ.

Mais ce qui a peu été souligné dans les derniers jours, c'est que lorsqu'un nouveau ministre entre en fonction, une équipe l'attend déjà à son bureau: celle de son sous-ministre et de ses fonctionnaires. On a tendance à l'oublier, mais règle générale les véritables experts des dossiers liés aux transports, à l'environnement ou encore à l'économie ne sont pas les ministres eux-mêmes, mais bien leur sous-ministre. 

Si les ministres viennent de jouer à la chaise musicale en raison de l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement, une grande partie des sous-ministres qui travaillaient sous l'ancien gouvernement libéral demeurent en place. Ils auront pour tâche de "briefer" les nouveaux ministres sur l'état des dossiers en cours et d'assurer une transition du pouvoir fluide et cohérente. Il sera éventuellement possible de les remplacer par d'autres (puisque le gouvernement peut congédier un sous-ministre à sa guise), mais à court terme, ceux-ci jouent un rôle important et pourtant méconnu: ils assurent la continuité des affaires de l'État. Je vous invite à lire la chronique de Lise Payette, dans Le Devoir de cette semaine, qui aborde cette question intéressante.

Derrière chaque ministre donc, se trouve un sous-ministre. Dans les jours qui vont suivre, ce nouveau tandem devra apprendre à fonctionner ensemble. Le premier devra "accueillir le haut-fonctionnaire comme un conseiller politique de premier choix et non pas seulement comme un exécutant administratif". Le sous-ministre, quant à lui, doit être "disposé à voir dans le ministre un décideur responsable et non pas seulement comme un politicien avide de votes". "Le ministre apporte l'énergie, c'est-à-dire la nouveauté, l'entrain, la volonté de réussir à court terme. Le haut-fonctionnaire, lui, assure l'équilibre, soit la prudence, l'expérience et le souci de la continuité".

Si l'on a beaucoup parlé du ministre idéal dans les derniers jours, qu'en est-il du sous-minstre idéal? En deux mots, il devrait être loyal, compétent, travaillant, discret, obéissant, mais tout en ayant un esprit critique. Au final, le sous-ministre devra être lié à son ministre par certaines affinités personnelles.

J'ai parfois l'impression qu'on exagère la nécessité pour un ministre d'être un "expert" du secteur d'activité dont son ministère est en charge. Ainsi, on s'explique parfois mal qu'un politicien puisse avoir occupé à la fois le ministère des Finances, tout comme celui de l'Éducation. Pauline Marois, pour ne donner que cet exemple, a une formation en travail social, mais cela ne l'a pas empêchée d'occuper plus d'une douzaine de fonctions ministérielles dans sa carrière.

Évidemment, personne ne nie le fait qu'un ministre intelligent, cultivé et au fait des dossiers soit nécessaire. Certains le sont parfois plus que d'autres. Mais le ministre doit d'abord être un décideur et un arbitre. Il doit avoir une vue d'ensemble des dossiers pour être en mesure de trancher. Il doit être un habile communicateur qui explique les dossiers à la population. Il doit avoir la capacité de motiver ses fonctionnaires vers l'atteinte d'un but, bref faire preuve de leadership.

Par contre, le rat de bibliothèque, c'est plutôt le rôle du sous-ministre!


Note: Les citations sont tirées de: Parenteau, R. (dir). Management public. Comprendre et gérer les institutions de l'État. Presse de l'Université du Québec, Montréal 1994.



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