Nicolas Bourdon
Le fait que la
CLASSE demeure silencieuse au sujet des élections québécoises sur son site
Internet témoigne du peu de cas qu’elle fait de cet exercice démocratique.
Pire, dans le manifeste Nous sommes
avenir qu’elle a rendu public le 12 juillet, on retrouve cette prise de
position qui m’a fait tiquer : « Leur vision, leur démocratie, ils et
elles la disent représentative : on se demande bien qui elle représente. Elle
ne se vit qu’une fois tous les quatre ans et ne sert trop souvent qu’à changer
les visages. Élection après élection, les décisions restent les mêmes et
servent les mêmes intérêts, préférant les doux murmures des lobbys au
tintamarre des casseroles. » Cette démocratie qu’on devrait rejeter est opposée
au type de démocratie qui prévaut à la Classe : « Notre vision, c’est
celle d’une démocratie directe sollicitée à chaque instant. C’est celle d’un
Nous qui s’exprime dans les assemblées : à l’école, au travail et dans les
quartiers. »
Il y a un danger
réel à trop vilipender le processus électoral québécois : celui de voir
des milliers de jeunes bouder les élections parce qu’ils ont été convaincus par
leurs leaders qu’elles ne sont que des pièges à cons et c’est précisément ce
que souhaite le Parti libéral ! Et notre processus électoral est-il si
mauvais ? Il y aurait certes peut-être lieu de l’améliorer en instaurant
un "élément de proportionnelle", mais faites le petit exercice
suivant : demandez à des citoyens russes ou chinois épris de liberté de porter
un jugement sur notre affreuse démocratie représentative ; je suis
persuadé qu’ils vous diront que nous sommes extrêmement chanceux.
La FECQ et la FEUQ
ont adopté une stratégie beaucoup plus pragmatique par rapport aux élections
québécoises. Ils viennent tout juste de mettre en ligne un site, votons.ca, qui
vise spécifiquement les jeunes de 18 à 34 ans. On leur rappelle des choses
essentielles : comment s’inscrire à la liste électorale, comment voter par
anticipation, comment voter hors circonscription… On leur rappelle entre autres
des faits accablants : aux dernières élections, seulement 36% des 18-24
ans et 41% des 25-34 ans se sont prévalus de leur droit de vote. Pourquoi la
CLASSE n’a-t-elle pas participé à un tel site et à un tel exercice ? Est-ce
encore une fois parce qu’elle regarde de haut le processus électoral
québécois ? Alors que l’heure est grave et que chaque vote compte (pour
une fois, ce n’est pas un cliché de le dire !) le mouvement étudiant
apparaît malheureusement désuni. Lors du premier round de négociation avec le
gouvernement, les leaders de la CLASSE avaient raison de dire que la ministre
Beauchamp voulait les exclure pour des raisons futiles, mais, cette fois, ils
se sont malheureusement exclus eux-mêmes. Et c’est dommage, car le Québec a
besoin de leur passion et de leur intelligence pour avancer.
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