jeudi 9 août 2012

Les étudiants et les élections


Nicolas Bourdon

Le fait que la CLASSE demeure silencieuse au sujet des élections québécoises sur son site Internet témoigne du peu de cas qu’elle fait de cet exercice démocratique. Pire, dans le manifeste Nous sommes avenir qu’elle a rendu public le 12 juillet, on retrouve cette prise de position qui m’a fait tiquer : « Leur vision, leur démocratie, ils et elles la disent représentative : on se demande bien qui elle représente. Elle ne se vit qu’une fois tous les quatre ans et ne sert trop souvent qu’à changer les visages. Élection après élection, les décisions restent les mêmes et servent les mêmes intérêts, préférant les doux murmures des lobbys au tintamarre des casseroles. » Cette démocratie qu’on devrait rejeter est opposée au type de démocratie qui prévaut à la Classe : « Notre vision, c’est celle d’une démocratie directe sollicitée à chaque instant. C’est celle d’un Nous qui s’exprime dans les assemblées : à l’école, au travail et dans les quartiers. »

Il y a un danger réel à trop vilipender le processus électoral québécois : celui de voir des milliers de jeunes bouder les élections parce qu’ils ont été convaincus par leurs leaders qu’elles ne sont que des pièges à cons et c’est précisément ce que souhaite le Parti libéral ! Et notre processus électoral est-il si mauvais ? Il y aurait certes peut-être lieu de l’améliorer en instaurant un "élément de proportionnelle", mais faites le petit exercice suivant : demandez à des citoyens russes ou chinois épris de liberté de porter un jugement sur notre affreuse démocratie représentative ; je suis persuadé qu’ils vous diront que nous sommes extrêmement chanceux.

La FECQ et la FEUQ ont adopté une stratégie beaucoup plus pragmatique par rapport aux élections québécoises. Ils viennent tout juste de mettre en ligne un site, votons.ca, qui vise spécifiquement les jeunes de 18 à 34 ans. On leur rappelle des choses essentielles : comment s’inscrire à la liste électorale, comment voter par anticipation, comment voter hors circonscription… On leur rappelle entre autres des faits accablants : aux dernières élections, seulement 36% des 18-24 ans et 41% des 25-34 ans se sont prévalus de leur droit de vote. Pourquoi la CLASSE n’a-t-elle pas participé à un tel site et à un tel exercice ? Est-ce encore une fois parce qu’elle regarde de haut le processus électoral québécois ? Alors que l’heure est grave et que chaque vote compte (pour une fois, ce n’est pas un cliché de le dire !) le mouvement étudiant apparaît malheureusement désuni. Lors du premier round de négociation avec le gouvernement, les leaders de la CLASSE avaient raison de dire que la ministre Beauchamp voulait les exclure pour des raisons futiles, mais, cette fois, ils se sont malheureusement exclus eux-mêmes. Et c’est dommage, car le Québec a besoin de leur passion et de leur intelligence pour avancer.  

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